Tout change

Décidément, voir ces deux sosies dans les bras l'un de l'autre alors qu'ils ignoraient qui ils étaient pour l'autre justement, fit une drôle d'impression à Kaito. Il avait l'impression, en les regardant, de se voir avec Koya et Kanon dans leur enfance. A l'époque il était aussi protecteur avec eux que son petit ami l'était en ce moment même avec son jumeau. A la différence qu'eu avaient grandi ensemble, ce qui n'était pas le cas des deux Yukio. Et il fallait bien avouer que le jeune homme lui aussi aurait voulu connaitre la raison de la soudaine profonde tristesse du musicien qu'il voyait aussi enjoué que son Yukio à lui.

- Bah écoute j'ai pas d'explication hein, répondit-t-il aux questions de son petit ami. J'ai juste fait une supposition en recoupant tout ce que je sais et... Yu' il a été adopté. Il a été adopté et te ressemble comme un sosie à tout point de vue, alors franchement ça ne me parait pas si idiot comme théorie. Par contre, effectivement, le fait que vous portiez le même prénom est bizarre, mais il pourrait s'expliquer s'il a été adopté quand il était bébé. Ses parents adoptifs aimaient peut-être tout simplement ce prénom eux aussi.

Plus il s'expliquait, plus il avait l'assurance d'être dans le vrai, mais sa belle assurance s'envola lorsque son petit ami lui demanda la raison de sa précision précédente : pourquoi avait-il dit "toutes ses réactions" ?
Très embarrassé, il baissa les yeux, détourna la tête et se frotta le crâne. Il s'était mis tout seul dans une belle panade. Pas sûr que, malgré sa gentillesse, son chéri laisse passer son incartade même si elle partait d'une bonne intention, mais il ne lui mentirais pas. Il lui devait au moins ça.

- Baaaaaaah... Comment dire... balbutia-t-il sans oser le regarder. En fait je... quand je suis arrivé et que je l'ai vu, j'ai cru que c'était toi qui avais finalement pu te libérer alors je l'ai embrassé comme je t'embrasse toi et... il m'a regardé avec le même air complètement extasié que toi... Et puis après... j'ai... comme j'avais pensé que... que vous étiez jumeaux mais que j'avais pas de preuve, je... j'ai voulu m'assurer qu'il me suivrait alors même en sachant que c'était pas toi, j'ai... je l'ai de nouveau embrassé...

Le jeune musicien semblait se calmer mais il ne lâchait pas l'autre lui pour autant. Auprès de lui, il se sentait étrangement bien, comme s'il était enfin complet. Le jeune hôte continuait à le câliner doucement, rassuré de le voir aller mieux. Dans le même temps, il réfléchissait aux paroles de son petit-ami. Peut-être était-il dans le vrai, il ressentait effectivement quelque chose de particulier envers celui qu'il tenait dans ses bras. Mais ses parents ne lui avaient jamais rien dit là-dessus…

« C'est vrai que ça pourrait être logique… Mais c'est tellement bizarre… »

Le jeune hôte ne savait quoi en penser. Un jumeau… Se pourrait-il qu'il ait vraiment un frère ? Cette perspective le réjouissait vraiment, il avait toujours rêvé d'avoir un frère, mais cela voudrait dire que ses parents lui avaient toujours menti ? Pourquoi ? Partagé entre la joie et l'incompréhension, il ne savait plus quoi penser.

« Je… Ils ne m'ont pas adopté bébé… J'avais… 12 ans… » Révéla le chanteur d'une voix hésitante… Il avait entendu le dernier échange des deux autres. Un jumeau ? Etait-ce pour ça qu'il avait toujours ressenti un vide en lui ? Mais combien de chances y avait-il pour que celui pour qui il avait eu, il en était presque sûr, un coup de foudre soit le petit-ami de son jumeau retrouvé ? Et quelque chose n'allait pas… Il avait la sensation que son « jumeau" n'était pas comme il devrait être.

« 12ans ?? Mais… Comment c'est possible ? » A cet âge, on devait normalement se rappeler de sa vie, même à l'âge adulte, mais il avait beau chercher, aucun souvenir de ce frère n'apparaissait dans son esprit, et d'ailleurs il ne se rappelait de rien avant cet âge… Pourquoi ?

Alors que le jeune hôte réfléchissait encore, il écouta la réponse de son petit-ami à propos des réactions de l'autre Yukio. Il l'avait embrassé ? Deux fois même ? Mais… Pourquoi ? Il sentit son cœur se serrer, penser à Kaito en train d'embrasser quelqu'un d'autre lui fit mal.

« Mais… Pourquoi ? Tu l'as… Embrassé… Mais tu… Embrasses souvent des gens ? Tu… » L'hôte détourna le regard, se sentant triste, presque trahi.

L'autre Yukio aussi se sentit mal aux dires de Kaito. Il l'avait embrassé juste pour s'assurer qu'il resterait avec lui ? Juste pour vérifier une théorie ? Lui avait cru des choses qui n'existaient pas alors… Les larmes lui revinrent aux yeux alors que sa voix éraillée se fit entendre.

« Alors c'était pour… me manipuler ? Tu n'en avais pas besoin… Si tu l'avais demandé… Je serais resté… Même sans… Ce baiser… »

Le voyant à nouveau pleurer, l'hôte le serra de nouveau dans ses bras. Même s'il se sentait triste et jaloux à cause du baiser, il avait compris pourquoi son autre lui pleurait depuis tout à l'heure, le jeune musicien devait avoir ressentit la même chose que lui face à Kaito, avant de comprendre qu'il ne pourrait pas l'avoir. Il imaginait sans mal cette douleur qui avait dû le submerger, lui-même en avait ressenti un échantillon lorsqu'il avait cru que son Kaikai voulait s'éloigner de lui juste après leur rencontre.

« Kaikai… Tu sais… C'est pour toi… ou plutôt à cause de toi… qu'il pleure depuis tout à l'heure… »
« Mais… Non… Je… Non… » Rouge de honte, le jeune musicien cacha son visage dans le cou de son autre lui.

Pendant plusieurs minutes, Kaito écouta les jumeaux se parler, échanger des informations et aussi se regarder, en se gardant bien d'intervenir car il en avait déjà assez fait. Tous deux avaient l'air incrédules quant à la réalité de leur gémellité et il le comprenait facilement : lui aussi serait probablement incrédule si brusquement, alors qu'il avait toujours été fils unique, quelqu'un lui faisait comprendre qu'il avait non seulement un jumeau mais aussi une jumelle. Ca devait être un sacré choc aussi bien pour l'un que pour l'autre. Même si le fait que le deuxième yukio ait apparemment été adopté non bébé mais quand il avait 12 ans. S'il l'avait été si tard, pourquoi ne se souvenait-il pas du tout de son frère ?
Il fut tiré de ses pensées par la voix de son petit ami qui s'adressait à lui. Evidemment, sa précédente confession n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd et il fallait maintenant qu'il s'en explique.

- Bien sûr que non j'embrasse pas souvent les gens ! se récria-t-il. Enfin avant si, mais plus maintenant. Plus depuis toi. Mais je... comme je te l'ai dis, je pensais qu'il était toi... se défendit-il pauvrement ensuite.

Il se sentait déjà coupable de lui dire ça, mais lorsque, après avoir entendu la voix éraillée du musicien lui dire qu'il n'aurait pas eu besoin de le manipuler pour qu'il le suive, son compagnon lui annonça qu'il était probablement la cause du désespoir de son jumeau, Kaito se sentit non seulement misérable mais pire que le pire des salauds. C'était vrai, il n'aurait pas du imiter Koya et se servir de la fascination qu'il exerçait sur Yukio numéro 2 pour l'amener où il le souhaitait. Il était tout à fait méprisable. La culpabilité le submergeant comme un raz de marée, il fit alors quelque chose dont il ne se serait jamais cru capable encore quelques jours auparavant : il s'agenouilla à même le trottoir.

- Excusez-moi tous les deux, je suis sincèrement désolé, dit-il avec toute la sincérité dont il était capable. Yu', je sais que j'aurais pas du faire ça et que je t'ai déçu. Tu as le droit de te sentir trahi et je mériterais probablement que tu me quitte pour avoir agi comme ça... Yukio... Il n'y a aucune excuse à mon comportement envers toi. Je suis méprisable d'avoir agi comme ça, j'aurais simplement du te parler. Je suis désolé.

Sur ces mots, il se pencha et s'inclina devant eux jusqu'à ce que son front touche le trottoir, alors qu'un grondement se faisait entendre et que la pluie se mettait à tomber, d'abord doucement puis avec plus de force.

Le jeune hôte était partagé entre tant d'émotions différentes qu'il avait du mal à s'y retrouver. L'incrédulité face à celui qui semblait être son jumeau, la jalousie et la peine de savoir que son petit-ami en avait embrassé un autre, l'amusement de savoir que, comme lui, son jumeau avait craqué pour Kai, l'inquiétude protectrice pour ce fameux jumeau, plus d'autres encore qu'il avait du mal à distinguer et qui semblaient vouloir le submerger. Avec tout ça, il était perdu et ne savait pas trop comment réagir. Son petit-ami parvint à le rassurer en lui affirmant qu'il n'embrassait plus les gens, depuis lui.

Le chanteur était lui aussi complètement perdu. Le cocktail d'émotions qu'il ressentait était tout aussi complexe que celui de son jumeau. La douleur de son cœur brisé semblait être la plus forte, mais la présence de l'autre Yukio le calmait et le rassurait, comme s'il était celui qu'il cherchait depuis si longtemps.

« Tu vas mieux ? » Demanda l'hôte au musicien, en essuyant les dernières traces de larmes. Le musicien acquiesça avec un pauvre sourire.

L'attention des deux jeunes hommes fut retenue par Kaito de nouveau, le voyant si désemparé, ils s'en inquiétèrent aussitôt. Pourquoi avait-il l'air de se sentir si mal ? Lorsqu'il se mit à genoux devant eux, en pleine rue, ils laissèrent échapper un hoquet de surprise.

« Kai !? »
« Kaito…. »

Les paroles de Kaito les touchèrent tous les deux en plein cœur, même s'ils lui en voulaient, ils ne résistaient pas à le voir comme ça. Lorsqu'il se pencha, posant son front contre le sol, les badauds autours d'eux les observaient et des rumeurs commençaient à se faire entendre. C'était sans compter la pluie qui commença à les tremper. Les deux Yukio se précipitèrent vers lui après quelques secondes de stupeur. Ils le relevèrent rapidement.

« Kai ! Mais qu'est-ce qui te prend ? Ne fais pas ça… » Le sermonna le jeune hôte en le serrant dans ses bras, inquiet.
« Pourquoi ? Ne restez pas là… Il faut se mettre à l'abris… Venez… » Le jeune musicien les attrapa tous les deux par le bras et les tira vers l'entrée des artistes. Au moins, même s'il étaient trempés, ils étaient à l'abris. Ils pourraient probablement trouver des serviettes ou des parapluies dans les loges… Enfin il l'espérait.

Kaito ne savait pas si ses excuses seraient acceptées mais il ne voulait pas rester avec le poids de la culpabilité sur la conscience. Il fut toutefois surpris lorsque, après quelques secondes seulement, les deux Yukio se précipitèrent pour le relever. A en juger par leur expression à tous deux, il avaient du mal à supporter de le voir agenouillé devant eux. Surtout qu'en plus il était maintenant trempé, tout comme eux et que sa chemise blanche devait non seulement le coller comme une seconde peau, mais aussi être devenue complètement transparente, ce qui était assez embarrassant en public.
Sans rien dire, il se dépêcha donc de suivre le second Yukio jusqu'à une entrée annexe qu'il supposa être celle des artistes. Trempé comme il était il n'allait pas tarder à avoir froid, mais il ne voulait rien dire ni rien faire qui risque de compromettre la relation toute neuve entre les jumeaux.

- J'espère... que vous me pardonnerez tous les deux d'avoir été aussi nul et stupide... Je me sens tellement ma... ma... ATCHOUM !

Un éternuement tonitruant lui échappa et il renifla un peu. Pourvu qu'il n'ait pas attrapé froid à cause de la pluie, il ne savait pas ce qu'il devait faire pour se soigner, n'étant jamais tombé malade depuis qu'ils avaient emménagé à Tokyo et ne voulant pas ennuyer avec sa santé son frère qui avait déjà bien assez à faire entre ses études et sa carrière musicale.

Le jeune musicien entraîna les deux autres à l'intérieur du bâtiment, non sans remarquer la chemise, qui ne masquait plus grand-chose, de Kaito. Il détourna d’ailleurs le regard, les joues rouges, intimidé. Il le trouvait… très sexy ? Ca devait être le mot adéquate… Il était en tout cas très attirant, et sachant qu'il était le petit-ami de l'autre Yukio, il ne devait pas être attiré par lui.

L'autre Yukio, lui, ne se gêna pas pour reluquer son petit-ami, se disant qu'il était quand même vraiment beau. Mais lorsqu'il éternua, il s'inquiéta aussitôt. Il l'entraina vers son double qui semblait savoir où il allait. Il fallait réchauffer Kaito qui risquait de tomber malade.

« Venez par ici, il doit y avoir des serviettes pour se sécher et quelques vêtements. » Le chanteur les emmena dans ce qui lui servait de loge pour la soirée. Ses affaires étaient encore là et dans les placards, il trouva plusieurs serviettes, qu'il tendit aux deux autres. « Séchez-vous, vous allez être malades sinon. » Son t-shirt mouillé à lui aussi ne cachait plus grand-chose, et un frisson de froid le parcourut mais il le cacha aux autres.

Attrapant la serviette que lui tendait le second Yukio, Kaito entreprit de se frictionner les cheveux pour les sécher grossièrement, ce qui les laissa complètement ébouriffés et lui donna soudain l'air bien plus jeune qu'il n'était. Il retira ensuite sa chemise trempée, sécha son buste et grimaça. Il y avait assez peu de chances que qui que ce soit dans les environs ait dans ses affaires un haut à sa taille. Il n'était pas un géant mais pas un nain non plus et il lui semblait évident que les vêtements du deuxième Yukio ne pourraient pas lui aller. Et comme il ne pouvait décemment pas se balader en ville torse nu, il devait remettre sa chemise. Il se mit à l'éponger de son mieux et grimaça de nouveau lorsque le tissu mouillé froid entra en contact avec sa peau désormais sèche. Si après ça il ne tombait pas malade, c'était qu'il avait une résistance aux microbes assez exceptionnelle.

- Je pense qu'on devrait chercher un endroit plus discret pour discuter, dit-il ensuite. Et plus sec aussi. Vous n'avez qu'à venir chez moi tous les deux. Je doute que Koya rentre avant une heure avancée donc personne ne nous dérangera. Et je pense que vous avez beaucoup à vous dire tous les deux. Il faut juste choper un parapluie pour qu'on soit pas de nouveau trempés sur le chemin.

Le jeune musicien se mit à rougir lorsque Kai enleva sa chemise, avant de se détourner et d'enlever lui aussi son t-shirt mouillé. Il se sécha et remit sa chemise et sa veste de costume de scène. Il passa un pull qu'il avait dans ses affaires à l'autre Yukio. Il trouva également un gilet que son ami musicien avait oublié, il le donna à Kaito, il devait être à sa taille, son ami étant plus grand et large que lui, il ne faudrait pas qu'ils attrapent froid tous les trois.

Yukio l'hôte, lui, ne manqua pas une miette du mini strip-tease de son petit-ami. Il ne l'avait jamais vu sans vêtements, et il devait avouer qu'il était drôlement beau. Il se détourna de sa contemplation lorsque Kaito se rhabilla et passa le pull que l'autre Yukio lui passa. Il était pile à sa taille et était bien chaud, très agréable. Il s'accrocha alors à son petit-ami pour le suivre où il voulait.

« Chez toi ? Mais… Ca ne va pas déranger ? » Demanda le jeune musicien, hésitant, se disant qu'il allait sûrement déranger le couple, et les voir tous les deux lui provoquait encore un pincement au cœur.

« Oh bonne idée… J'aime bien chez toi… Et puis chez moi c'est trop loin. » Repondit le jeune hôte, un grand sourire aux lèvres, avant de se tourner vers l'autre Yukio. « Au fait tu habites où Yukio-kun ? »

« Oh… Euh… Pour l'instant dans une des chambres du conservatoire, et ensuite sans doute à l'hôtel… En attendant de trouver un appartement… » Répondit-il un peu gêné.

Avec reconnaissance, Kaito prit le gilet que lui tendait Yukio numéro 2 et retira de nouveau son t-shirt mouillé avant d'enfiler le vêtement chaud avec bonheur.

- Non ne t'inquiète pas, répondit-il à sa question. Comme je te l'ai dis, mon frère ne va pas rentrer avant une heure avancée de la nuit alors pas de problème. Et puis je pense en effet que vous avez beaucoup de choses à vous dire tous les deux. Quant à dormir à l'hôtel, j'espère que tu plaisante, Yukio, il n'en est pas question. Mon frère ne va pas tarder à partir en tournée pour deux mois, alors tu prendras sa chambre en attendant de trouver un appartement. Et ce n'est pas négociable. Maintenant, venez on y va.

Il se dirigea vers la sortie, les deux Yukio en remorque et remarqua que l'averse avait cessé, il se hâta donc de se diriger vers chez lui en regardant régulièrement si les jumeaux le suivaient. Par contre étant donné l'heure tardive, ils devaient se dépêcher car le chemin le plus rapide passait aussi par un quartier pas très bien fréquenté et malgré son passé de bad boy, le jeune homme ne se savait pas de taille à sauver les Yukio d'éventuels assaillants.

La proposition de Kaito, enfin sa décision, au jeune musicien d'habiter chez lui, le surpris grandement. Il ne s'y attendait vraiment pas, mais elle lui fit plaisir. Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, et il l'invitait chez lui alors qu'il ne savait rien de lui, en plus il ressemblait tant à son petit-ami que ça allait forcément lui faire bizarre à Kaito non ? En tout cas, lui n'était pas contre, même si rester près de ce jeune homme, sachant qu'il appartenait à son double, serait sans doute difficile.

« Oh… Je… Merci… C'est gentil de m'accueillir. Ca ne te dérangera pas ? C'est sûr ? »

« Oh mais c'est une super idée… » Le jeune hôte s'accrocha au bras de son petit-ami avec un grand sourire. « Hein qu'il est adorable mon Kaikai… » Affirme-t-il avant de l'embrasser tendrement.

Les deux Yukio suivirent alors Kaito dans la rue. Inconscients du danger, ne connaissant pas le quartier, ils avançaient en discutant joyeusement. C'était surtout le jeune hôte qui discutait, le musicien écoutait plutôt. Il rattrapa d'ailleurs son petit-ami et s'accrocha à son bras pour marcher â ses côtés, laissant le musicien à quelques pas derrière eux. Ce dernier n'osait d'ailleurs pas se rapprocher d'eux, ne voulant pas les déranger. Quelqu'un le bouscula soudain, cognant assez violemment son épaule. Yukio s'excusa rapidement, mais les deux hommes qui l'observaient avaient un regard bizarre… Le jeune musicien voulu passer à côté d’eux pour rejoindre les deux autres, mais un des deux hommes l'attrapa par le bras, le serrant fortement.

« Où tu crois aller là ? Tu m'as bousculé mon mignon, il va falloir payer… »

« Je suis désolé… Laissez-moi passer s'il-vous-plait… Je dois rejoindre mes amis… »

« Mouahahaha… Tu crois que tu vas t'en tirer comme ça ? Juste avec un désolé ? Hey t'en dis quoi toi… »
« Hum… Il est plutôt mignon… et très appétissant… Il doit pousser des petits cris adorables tu crois pas ? »
« Oh si… J'ai bien envie de tester… Viens là toi, on va s'amuser un peu… »

« Mais… Que… Non… Laissez-moi partir… Onegai… »

Ne l'écoutant pas, les deux hommes le tirèrent par le bras pour l'emmener vers une ruelles adjacente. Se débattant, le jeune musicien attira l'attention de l'autre Yukio, quelques mètres plus loin. Ce dernier se retourna et vit avec horreur son nouvel ami aux prises avec deux loubards. D’abord pris de panique, se sachant incapable de l'aider, un violent mal de tête le submergea pendant quelques secondes. Lorsqu'il rouvrit les yeux, son regard était bien plus dur et il réagit en quelques secondes à peine.

« Yukioooo !! »

Laissant Kaito, Yuya se précipita vers le jeune musicien et ses agresseurs. Remarquant qu'il était en pleurs, il vit rouge et son poing s'écrasa contre la joue de celui qui se trouvait le plus près.

« Lâchez le connards ! » Cria-t-il avec rage.

Sans attendre, Yuya frappa l'autre imbécile, l'obligeant à lâcher Yukio. Il l'attrapa et le mit en sécurité derrière lui, se préparant à se battre encore avec les deux autres.

Kaito, qui avançait rapidement en direction de son domicile, ne se rendit pas immédiatement compte que quelque chose se passait derrière lui. C'est en se retournant pour annoncer aux jumeaux qu'ils n'étaient plus très loin, qu'il ne vit plus ni l'un ni l'autre. Immédiatement inquiet, le jeune homme fit demi tour et se mit à leur recherche. C'est en entendant une voix hurler le prénom commun des jumeaux, qu'il repéra la rue dans laquelle ils se trouvaient. Il s'y engouffra à son tour et tomba sur la scène la plus hallucinante qu'il ait jamais vue de sa vie : son Yukio, son adorable Yukio, si mignon, gentil et innocent était en train de se battre contre deux loubards, leur donnant des coups de poings, hurlant et jurant, proférant des insultes. C'était du délire, Kaito avait l'impression de voir agir une autre personne dont la personnalité serait complètement à l'opposé de celle, si douce, de son petit ami. La scène était tellement surréaliste, qu'elle l'empêcha de réagir l'espace de quelques minutes, autrement qu'en écarquillant les yeux, bouche bée, puis il se précipita vers le deuxième Yukio pour le mettre à l'abri puisque, à ce qu'il comprenait, c'était lui la victime de l'attaque. Il l'attrapa dans ses bras et courut hors de la ruelle pour l'ammener à la plus proche station de métro, où il le confia aux soins du chef de station. Il se précipita ensuite pour aider son petit ami, mais lorsqu'il revint, il se rendit compte que les deux brutes étaient déjà hors d'état de nuire. De plus en plus halluciné, il s'approcha de lui et le tourna vers lui. L'expression de son chéri était dure et son regard minéral, à mille lieues de l'air doux qu'il avait l'habitude de voir sur son adorable visage. Visage d'ailleurs égratigné, avec la lèvre éclatée et l'arcade sourcilière en sang.

-... Y... Yu' ? Est ce que... Tu... C'est toi qui... a bousillé ces mecs ? C'est vraiment toi ? balbutia-t-il, pas encore remis de sa surprise.

Le jeune musicien ne comprenait pas ce qu'il se passait. A un instant, des loubards l'entrainaient pour lui faire du mal, l'instant d'après l'autre Yukio l'avait sauvé, puis l'instant d'encore après, il était dans une station de métro, avec le chef de station, tremblant de peur et totalement perdu. Heureusement que le personnel de la station prit soin de lui, il aurait sûrement défailli sinon.

Plus loin, dans la fameuse ruelle, les deux loubards, déçus d'avoir vu leur proie s'échapper, voulurent se rattraper avec l'importun, qui ressemblait étrangement à l'autre. Malheureusement pour eux, celui-ci était bien moins docile, et bien plus dangereux. Ses premiers coups les avait pris par surprise, pour les suivants, ils s'étaient tenus prêts et avaient pu répliquer. Mais c'était mal connaître Yuya pour croire que quelques coups pouvaient le stopper, surtout lorsqu'on s'en prenait à Yukio. Dans ces cas là, rien ne pouvait l'arrêter, bien que cette fois, il se sentait… différent de d'habitude. Il se prit de nouveaux coups, dont certains au visage qui le sonnèrent un peu, mais parvint à terrasser rapidement ses adversaires.

Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsque Kaito le fit tourner vers lui, prêt à en découdre de nouveau contre un nouvel ennemi. Son visage se détendit aussitôt en reconnaissant son copain… Enfin le copain de Yukio… Son premier réflexe fut de se blottir contre lui, repoussant le temps de répondre à ses questions. Mais c'était… bizarre… Il ne se sentait pas comme d'habitude pour sauver son Yukio. Pourquoi avait-il réagi ainsi pour sauver un autre ? Même si ce que Kai disait était vrai, qu'ils étaient… jumeaux… Pourquoi avait-il réagi si férocement ? Et en plus le Yukio en lui ne semblait pas vouloir se réveiller, alors qu’habituellement dès qu'il se retrouvait dans les bras de Kai, il avait toujours la place.

Yuya releva la tête et regarda autours sans voir Yukio. Aussitôt la peur lui entrava les entrailles, et si un autre loubard en avait profité pour l'emmener ? Il porta un regard paniqué à Kaito, et sa voix bien moins sûre se fit entendre.

« Où est Yukio ? Ils ont voulu l'emmener… Il est en danger… Ils voulaient lui faire du mal… Je devais le sauver… mais il a disparu. Tu sais où il est ? Il a toujours été si doux et gentil… Je dois le protéger… »

Il y eut un moment de flottement, puis Yukio se précipita dans ses bras et Kaito les referma sur lui, sans pour autant que l'étrange sensation de ne pas vraiment tenir son copain contre lui ne le quitte. La voix qui s'éleva alors surprit le jeune homme. Elle était à la fois assurée comme si son possesseur n'était pas Yukio et en même temps infiniment inquiète, comme pouvait parfaitement l'être celle de son petit ami.

- Calmes-toi, Yukio ne risque rien, c'est moi qui l'ai emmené à l'abri dans la guérite du chef de la plus proche station de métro. Il est un peu secoué, mais il va bien. Par contre... qu'est ce que tu veux dire par "il a toujours été si doux et si gentil" ? Même si vous êtes jumeaux comme je le suppose, vous ne vous connaissez techniquement que depuis à peine deux heures, alors comment tu peux utiliser le mot "toujours" ? Tu es bizarre ce soir, Yu'... Cette baston alors que d'habitude tu ne ferais pas de mal à une mouche, le fait que tu as juré et utilisé un gros mot, l'utilisation du mot "toujours" pour parler d'un mec que tu connais à peine... C'est super bizarre, j'ai l'impression de ne plus savoir qui tu es.

Il s'écarta alors d'un pas, prit son compagnon par les épaules et le regarda droit dans les yeux.

- Qui es-tu, Asano Yukio ?

Yuya était vraiment perdu, il se retrouvait dans une situation inédite très perturbante. Les sensations étaient vraiment très différentes des autres fois lorsqu'il se réveillait à la place du petit ange, il avait l’impression, ou le pressentiment, que Yukio n'allait plus se réveiller, qu'il l'avait perdu. Mais pourquoi ne reviendrait-il pas ? Depuis dix ans il avait pourtant toujours été là, alors pourquoi ? Pourtant il était là, enfin ce n'était pas lui, mais un autre Yukio. La présence de cet autre Yukio résonnait en Yuya d'une façon particulière, comme s'il le connaissait depuis toujours, comme s'il était lui… Ou était-ce lui qui avait usurpé la place de ce Yukio ? Il le connaissait, depuis longtemps, il en était persuadé, mais ils ne s'étaient rencontrés que quelques heures avant…

Blotti dans les bras de Kaito, Yuya essayait de trouver des réponses à ses questions tout en cherchant comment répondre à celles de son petit-ami. Comment expliquer qu'il n'était plus son Yukio ? Il allait forcément le prendre pour un fou. Et s'il le rejetait sans autre forme de procès ? Mais il paniquait surtout sur le fait que son autre lui ne semblait plus vouloir se réveiller. Alors que Kaito l'avait écarté pour le tenir par les épaules, Yuya semblait désemparé et perdu.

« Il n'est plus là… Il a disparu… Pourquoi il ne revient pas ? Il m'a laissé… Yukio… Il ne se réveille pas… Je ne le sens plus… Pourquoi il n'est plus là ? C'est… l'autre qui l'a fait disparaître ? Aaaah… » Sa tête le faisant souffrir, Yuya serrait ses mains autours pour tenter de se soulager, sans vraiment de succès et continuait à se parler à lui-même, ayant presque oublié la présence de Kai. Les images de son enfance, de son adorable frère lui revenaient, c'était de cette époque qu'il le connaissait. « C'est vrai qu'au début y'en avait qu'un, mais… Il a pris ma place depuis si longtemps, pourquoi il aurait disparu si soudainement ? Et puis moi… je vais devenir quoi ? Et puis nous, toi et… »

S'arrêtant soudain, Yuya repris brusquement conscience de la présence de Kai, et sa question résonnait dans sa tête. Qui était-il ? Détournant la tête et surtout le regard, il reprit d'une voix hésitante.

« Je suis… Je m'appelle Yuya… Le frère jumeau de Yukio… Quand j'ai eu 12 ans, ma famille a été assassinée et j'ai été laissé pour mort. J'ai pu m'enfuir et j'ai erré quelques jours à priori avant de m'effondrer, les Asano m'ont trouvé et adopté, mais… Yukio avait pris ma place. Je n'ai émergé pour la première fois que des années plus tard, quand Yukio était en danger… » A présent qu'il était parti, Yuya ne semblait plus pouvoir s'arrêter, tout ce qui lui pesait sur le cœur était entrain de lui échapper. « Je ne savais pas.. pourquoi c'était lui qui avait pris ma place, ni qui il était… J'avais pas compris que c'était l'âme de mon frère… C'était juste un être adorable et pur qui ne savait rien des horreurs de mon passé… Et Yukio, mon frère était mort, il aurait dû l'être, comme les autres… Mais il est revenu… Il est en vie… Et… Et… J'y comprends plus rien… » Craqua soudain Yuya, c'était trop pour lui si soudainement.

Mais au lieu de répondre à sa question, de le rassurer, le petit ami de Kaito se mit à se parler à lui-même, semant la plus grande confusion dans l'esprit du plus jeune : celui qui lui faisait face parlait de lui-même comme s'il s'agissait d'une autre personne totalement différente et comme si cette personne avait réellement disparu. Une sueur froide glissa désagréablement le long de son dos comme si son propre corps avait compris que quelque chose n'allait pas, mais il refusait de l'écouter. Son petit ami était simplement encore secoué par ce qui était arrivé, voilà tout. C'était ce dont il tentait de se convaincre, lorsque la voix de son aîné s'éleva de nouveau pour lui parler... et Kaito resta bouche bée du récit abracadabrant qui franchit ses lèvres. Une famille assassinée, une seconde personnalité ayant émergé qui était en fait l'âme d'un jumeau qu'il croyait mort, une personnalité principale ne faisant surface que lorsque la seconde était en danger, un jumeau présumé mort qui refaisait surface bien en vie et une personnalité secondaire disparue... c'était du grand n'importe quoi. Comment celui qui lui faisait face pouvait-il penser la moindre seconde qu'il allait croire une histoire aussi rocambolesque ? Il n'était pas stupide à ce point !
Et pourtant... pourtant il savait bien, au fond de lui, que ce récit semblant forgé de toutes pièces collait parfaitement non seulement à la scène dont il avait été témoin, mais aussi à la situation actuelle.
Plusieurs secondes passèrent, pendant lesquelles le jeune homme chercha quoi dire.

- Tu... n'es pas mon Yukio mais Yuya son frère jumeau et tu es... "apparu" parce que l'autre Yukio était en danger, mais que tu ne sens plus la présence en toi de mon Yukio, c'est ce que tu essaye de me dire ? résuma-t-il en fixant son interlocuteur.

Il posait la question pour la forme, mais en fait il était certain d'avoir correctement compris la situation... et ça ne lui plaisait pas du tout. Même si ce Yuya qui lui faisait face n'y était en définitive pour rien, il se sentait trompé, trahit. Volé même. Oui c'était ça, il avait l'impression qu'on lui avait volé son petit ami, volé sa relation, volé ses sentiments.

- Fais-le revenir. Fais revenir mon Yukio et va-t'en. TOUT DE SUITE ! s'exclama-t-il d'un ton menaçant.

Il ne ferait rien physiquement à son interlocuteur, mais il voulait lui faire comprendre qu'il ne plaisantait pas.

Yuya était totalement perdu et paniqué. Que se passait-il ? Pourquoi Yukio, son frère, était encore en vie ? Pourquoi était-il soudainement revenu ? Pourquoi ne se rappelait-il pas de lui à priori ? Et pourquoi son Yukio, son autre lui, ne semblait pas vouloir se réveiller ? Il avait beau le chercher en lui, l'appeler, seul le vide et le silence lui répondaient. Il l'avait abandonné… Pourquoi ? Comment allait-il pouvoir faire sans lui ? Depuis dix ans, il était à sa place, vivait sa vie, et soudain il avait disparu comme ça, sans crier gare ? Yukio… Il vivait une vie douce et agréable, sans aucun de ses horribles souvenirs, alors que lui n'avait que ces souvenirs de sa mort, de son enfance miséreuse, et quelques bribes de la merveilleuse vie d'un autre. Yuya avait toujours envié son autre lui et espéré pouvoir avoir sa vie à lui, être reconnu en tant qu'être unique… Mais maintenant qu'il semblait l'avoir, il voulait que son Yukio revienne, ce vide en lui le terrifiait.

La voix de Kaito le fit sursauter. Son résumé semblait raconter une histoire rocambolesque et inventée. Quelle personne, saine d'esprit, pourrait croire ce tissu d'inepties ? Pourtant c'était vraiment la réalité, son histoire, et il espérait que Kai allait le croire et l'aider. À présent que Yukio était parti, il avait besoin de lui, de son aide, de sa présence. Il lui signifia la véracité de l'histoire d'un hochement de tête, espérant qu'il comprenne et le protège comme il protégeait Yukio. Mais sa réaction fit voler en éclat ses espérances. Sa voix menaçante, ses mots si durs lui brisèrent le cœur instantanément. Une vague de douleur le submergea et les larmes qui menaçaient de couler depuis si longtemps dévalèrent sur ses joues alors que sa voix douloureusement éraillée se fit entendre.

« Je ne peux pas… Il… Il est parti… Il m'a abandonné… Il n’est plus là… Yukioooo reviens !! » Les mains serrées sur sa tête, Yuya avait l'impression que son crâne explosait tant la douleur qu'il ressentait était intense.

La réaction plutôt violente de Kaito sembla surprendre ledit Yuya et le mettre dans tous ses états étant donné qu'il s'était mit à pleurer. Mais la déception du jeune homme était si vive que, bien qu'il comprenne au fond de lui que son aîné n'était pour rien dans de qui se passait, cela ne l'émut pas le moins du monde. Il avait toujours cette impression de trahison de ses sentiments mais surtout, il venait de comprendre que son petit ami, son Yukio dont il était désespérément tombé amoureux... avait disparu définitivement, qu'il ne reviendrait jamais. Son cœur lui faisait si mal à cette idée, sa gorge était si douloureuse... Il savait bien que tomber amoureux était une erreur, qu'il aurait du se contenter de papillonner comme il le faisait avant, comme le faisait Koya... Finalement c'était son frère qui avait raison sur toute la ligne : ne pas s'attacher, c'était éviter de souffrir.
Le visage très dur, il s'écarta d'un Yuya toujours en pleurs et le fixa d'un regard minéral.

- Tu n'es pas mon petit ami. Il n'existe plus et je n'ai plus de raison de rester là s'il n'y est plus, déclara-t-il froidement avant de se détourner.

Il se dirigea vers la rue principale d'où ils venaient avant le début de cette histoire de dingues et, oubliant même l'existence du deuxième Yukio se dirigea vers chez lui sans un regard en arrière. Il fallait qu'il oublie tout. Tout ce qu'il avait dit, fait, tout ce qu'il était devenu depuis qu'il avait rencontré ce garçon ce maudit jour à la fontaine du parc.

Le maigre espoir qu'avait eu Yuya venait de voler en éclat sous les paroles dures que lui avait assenées Kaito avant de disparaitre. Si Yukio n'était plus, il n'avait aucune raison de rester ici, lui prouvant ce qu'il se disait déjà, son existence n’avait aucun sens sans sa double personnalité, le petit ange Yukio. Le cœur déchiré, son âme abandonnée par sa jumelle, un vide incommensurable au fond de lui, Yuya aurait voulu pouvoir ne plus rien ressentir à présent tant il avait mal, mais il ne pouvait même plus se cacher derrière Yukio, il n'était plus là.

La douleur et le désespoir et terrassaient et il n'avait même plus la force de se tenir debout. Il s'écroula à genoux, en pleurs, dans cette ruelle où il avait tout perdu. Plus personne ne l’attendait nulle part, il n'existait pour personne, alors autant rester ici, et tout oublier, où peut-être quelqu'un abrégerait sa douleur, il avait si mal… Le silence de cette ruelle glauque était oppressant, seulement brisé par les pleurs déchirants de cette silhouette recroquevillée sur le bitume.

Yukio le musicien quant à lui trouvait le temps vraiment long dans cette station de métro. Kaito l’avait emmené là pour le protéger, alors qu'il aurait dû protéger son petit-ami en premier non ? Mais à présent, il était inquiet, les brutes qui les avaient attaqués semblaient vraiment forts et vu le temps qui s'était écoulé sans que personne ne revienne le chercher, il avait dû se passer quelque chose de grave. Avec ça en plus, le personnel de la gare ne voulait pas le laisser partir, pour sa sécurité bien sûr. Lorsqu'enfin il put s'éclipser, les forces de l'ordre n'ayant rien vu de suspect dans les environs, Yukio s'efforça de retrouver cette fameuse ruelle, mais ne connaissant pas du tout la ville, il ne la retrouva pas.

Inquiet pour Kaito et l'autre Yukio – son frère ? – il rebroussa chemin, se demandant ce qu'il devait faire à présent. Il contacta son ami du conservatoire, avec qui il avait fait sa prestation du soir, qui lui indiqua qu'il avait récupéré ses affaires et qu'une chambre l'attendait au dortoir du conservatoire pour la nuit s'il le voulait. Après un bon moment à errer pour retrouver son chemin dans cette ville qu'il ne connaissait pas, il finit par retrouver son ami et un lit confortable, mais son inquiétude pour Kaito et Yukio ne le quittait pas.