Joyeux anniversaire Asahi

Le jeune Asahi fut laissé aux bons soins de son père en ce qui concernait sa tenue et Shu décida d'emmener son Nao faire des courses. De toute façon il lui fallait des vêtements à lui, qu'il puisse changer chaque jour voire deux fois par jour au besoin. Et aussi un costume pour la fête du soir.
Contre l'avis de Nishida-san, le jeune maître quitta donc la demeure du clan en compagnie de son invité et se dirigea vers le quartier de luxe de Kyoto, dans lequel il se dirigea vers les boutiques qu'il fréquentait toujours. Comme d'habitude on lui déroula métaphoriquement le tapis rouge et il expliqua en détails ce qu'il souhaitait. Il fit essayer à Nao des dizaines de t-shirts, chemises, jeans, pantalons, chaussures... Ils y passèrent littéralement l'après-midi et Shu manqua en oublier l'essentiel. Il demanda donc à Nao de se choisir un costume et de l'appeler ensuite pour qu'il règle ledit costume. Le soir venu, Shu laissa son invité pour aller s'occuper de l'organisation de la fête.

Aux environs de 20h, tout le clan était réuni dans la plus grande pièce de la propriété et chacun discutait, un verre à la main, en attendant l'arrivée de l'invité d'honneur. Qui se faisait attendre car il avait eu le plus grand mal à décider de la façon dont il allait s'habiller. Il ne pouvait pas se mettre en costume, ça aurait semblé ridicule sur quelqu'un d'aussi jeune et chétif que lui, alors il avait opté pour un jean, un t-shirt tout simple et une veste sport beige avec des chaussures de ville. Il avait tout de même l'impression d'être déguisé, mais moins.
Des applaudissements éclatèrent à son arrivée car l'adolescent était en quelque sorte la mascotte du clan et chacun le félicita en lui souhaitant un bon anniversaire. A son grand plaisir, il n'avait d'ailleurs pas encore vu ce Nao qu'il détestait tant, ce qui voulait dire que son Aniki était tout à lui.

Heureusement pour Nao, la discussion entre Asahi, son père et Shu prit fin rapidement, il se sentait de trop parmi eux. Alors qu'il se demandait ce qu'ils allaient faire à présent, le jeune maître des lieux l’emmena pour une séance shopping dans les boutiques de luxe de la ville. Eberlué, Nao regardait cette boutique et les vêtements qu'il y avait sur les rayons. Il se sentait mal à l'aise, pas à sa place, plus à sa place. Il l'aurait été dans son ancienne vie, il fréquentait toujours ce genre de boutiques, mais depuis qu'il était dans la rue, tout ça lui était devenu étranger. Mais au vu de la réaction des employés de la boutique devant Shu, Nao commençait à prendre conscience qu'il devait être vraiment quelqu'un d'important.

Pendant plusieurs heures, le danseur essaya des dizaines de tenues différentes, de quoi presque ouvrir sa propre boutique tant il y en avait. Il n'avait pas vu tant de vêtements depuis si longtemps, ni d'aussi bonne facture, il se demandait si c'était bien la réalité ou si la fièvre de la grippe ne le faisait pas délirer encore. Il dut aussi se choisir un costume pour la fête d'anniversaire du petit chaton. Avant il avait le coup d'œil pour choisir le costume parfait au premier regard, à présent il ne savait pas lequel choisir, les vendeurs de la boutique l'aidèrent à trouver le bon, un costume noir qui semblait taillé pour lui vu comme il lui allait bien, malgré son corps trop maigre.

De retour à la propriété, Shu le laissa pour aller préparer la fête. Nao prit son temps pour se préparer, se sentant de plus en plus nerveux. A part Shu, les autres habitants de la résidence semblaient pas l'apprécier, il était un intrus venu les envahir. Nishida-san l'acceptait juste parce que son jeune maître le voulait, et le chaton le détestait tout simplement. Avait-il raison de participer à cette fête ?

Lorsqu'il arriva devant la salle, la fête était déjà commencée, il entendait les applaudissements félicitant le héros du jour. Nao hésita à entrer dans cette pièce pleine d'inconnus, mais il poussa tout de même la porte pour entrer discrètement. Il resta près du mur et de la porte, n'osant pas se mêler aux autres.

Shu s'apprêtait à féliciter son petit protégé pour ses 19 ans, lorsqu'un bruit qui aurait du se perdre dans le brouhaha ambiant parvint à ses oreilles aiguisées par des années de combats de rue : celui de la porte de la salle discrètement ouverte. Il tourna donc la tête... et brusquement, plus rien n'exista plus autour de lui. Le bruit ? Supprimé. Les hommes du clan ? Effacés. Asahi qui tentait d'attirer son attention ? Gommé. Il n'y avait plus rien dans la pièce, qu'un spot éclairant celui qui venait de faire son apparition : Nao, sublimissime dans le costume noir acheté plus tôt dans la journée. Aussitôt, son cœur qui n'était pas préparé au choc, s'emballa dans une course folle comme s'il allait quitter sa poitrine et une intense chaleur monta en lui, semblant faire bouillonner son sang dans ses veines. Comme s'il était guidé par une télécommande qui n'aurait qu'une seule direction, il se mit à avancer lentement vers lui. Un pas après l'autre, avec une lenteur quasi inhumaine, il se rapprocha de lui, les yeux rivés sur la beauté du visage de celui qu'il aimait. Une fois près de lui, il sentit son souffle se couper et resta bloqué quelques secondes à le fixer comme s'il n'arrivait pas à croire à sa réalité, puis il n'y tint plus et se jeta littéralement au cou de Nao pour l'embrasser avec toute la passion dont il était capable avec sa totale inexpérience.

Le geste totalement inattendu, jeta un grand froid dans la salle et tous les membres du clan fixèrent leur jeune maître avec les yeux écarquillés. Ils ne le connaissaient tous qu'en tant que Shuriken, le jeune futur chef du clan, le bagarreur à l'intelligence supérieure capable de sortir n'importe qui de n'importe quel mauvais pas, celui à qui personne ne faisait peur, que rien ni personne ne pouvait émouvoir... et le voir comme ça était un grand choc pour eux tous. Mais le plus choqué fut le jeune héros de la fête. En voyant s'éloigner son Aniki adoré, il le suivit du regard et resta bouchée bée lorsqu'il le vit embrasser celui qu'il voyait comme un ennemi. Ses yeux se remplirent de larmes en comprenant que son Aniki adoré, non seulement n'était pas le roc insensible et carrément trop cool qu'il pensait, mais qu'en plus il était très probablement amoureux de ce Nao. Il lui sembla que son cœur se brisait dans sa poitrine, en si petits morceaux qu'ils passeraient par le chas d'une aiguille et il prit la fuite, bousculant tous ceux qui se trouvaient sur son passage. Il avait si mal... Comme il n'avait plus eu mal depuis cinq ans et sa douleur n'était pas physique.

Nao se sentait mal à l'aise dans cette immense salle trop richement décorée, entouré de gros bras qui ont un air mauvais. Shu ne lui avait pas vraiment laissé le choix de venir à cette fête, comme si C'était une évidence qu'il soit présent. Pourtant c'était l'anniversaire du chaton qui ne l'aimait pas  vraiment, peut-être qu'il allait lui en vouloir d'être ici. D'ailleurs, a peine entré dans la salle, il croisa quelques regards amènes de certains hommes de Shu, énervés de voir un intrus chez eux. Il eut soudain envie de ressortir vite fait, mais n'en eut pas le temps. Il sentit soudain une présence tout près de lui et eut tout juste le temps de tourner la tête vers cette personne qu'elle lui sauta littéralement au cou pour l'embrasser passionnément.

Nao en resta quelques secondes figé par la surprise. Il avait bien reconnu Shu, mais ne s'était pas imaginé qu'il lui sauterait dessus ainsi devant tout le monde. Passée la surprise, ses bras entourèrent la taille de son assaillant, le serrant contre lui. Il répondit aussi avec passion au baiser, se laissant emporter par celle du plus petit.

Des éclats de voix se firent alors entendre et Nao mit fin au baiser, s'écartant doucement de lui, revenant à la réalité. Les hommes de Shu semblaient agités… Pourquoi ?

Shu n'avait pas réfléchi quand il s'était jeté au cou de celui qu'il aimait, il avait juste suivi son instinct d'homme amoureux (il découvrait d'ailleurs qu'il en possédait un) sans penser à la façon dont réagiraient A) Nao et B) les hommes du clan. Pour Nao, il n'avait plus de question à se poser, étant donné la façon dont il répondait à son baiser. Le cœur de Shu battait à toute vitesse tellement il était heureux. Il se fondit dans le baiser, ne remarquant rien d'autre autour, jusqu'à ce qu'il entende derrière lui une voix bien trop familière... et désagréable.

- Que se passe-t-il ici ? fit la voix autoritaire du chef du clan. Qui se donne en spectacle devant... SHURINOSUKE !

Entendre crier son prénom complet, fit sursauter le concerné et il s'écarta de son bien-aimé.

- Père...
- Peux-tu m'expliquer ce que tu étais en train de faire ? Et qui est cet homme ? D'où vient-il ? Pourquoi te permets-tu de le... J'exige des explications !

Dans le total silence qui s'était fait, la voix froide et coupante de son père résonna avec force.

- Je... (le jeune homme tenta de reprendre un minimum de froideur et toisa son père comme il le faisait lui-même) Père, je te présente Nao. C'est mon compagnon.
- Pardon ?!
- Tu as très bien entendu. C'est. Mon. Compagnon, martela Shu en s'approchant lentement de son père avec un air dur.

Les deux chefs du clan s'affrontaient du regard. On aurait dit deux lions se disputant le même territoire ou la même femelle et en fait, ils avaient tous deux l'air dangereux de ces fauves.

- Tu crois que je ne sais pas que tu planifiais de me marier avec l'homme de ton choix ? Je sais tout, père. Je suis au courant de tout. Et je ne me laisserais pas piéger dans un stupide mariage arrangé. Je ne suis pas un pion. (il se dirigea de nouveau vers Nao et prit sa main d'autorité, tout en continuant de défier son père du regard) Nao est celui que j'ai choisi. Celui que j'épouserais dès que ce sera possible, que tu sois contre ou pas. Parce que JE décide de ma vie.

Il savait qu'il allait trop loin en annonçant devant tout le monde qu'il épouserait Nao sans demander l'avis de celui-ci, mais il fallait clouer le bec de son père et l'empêcher de planifier quoi que ce soit qui l'éloignerait de celui qu'il aimait.
Mais au lieu d'avoir le bec cloué, le chef du clan éclata d'un rire méprisant.

- Et d'où sort-il, le futur mari du futur chef du clan Shibasaki ? Pourquoi ne l'ai-je jamais vu ? Pourquoi n'en ai-je jamais entendu parler ? (le regard dur du père de Shu) Toi là... Nao c'est ça ? Viens avec moi.
- Et puis quoi encore ?! explosa Shu en se mettant en bouclier devant son bien-aimé. Vous n'avez rien du tout à lui dire !

Nao sursauta en entendant la voix plus qu'autoritaire qui résonna derrière eux. Et vu la réaction de Shu, lui non plus ne semblait pas s'attendre à l'entendre. Le silence régnant soudain dans la salle conforta le danseur dans l'idée que cet homme devait être le grand boss. Soudain il se sentit l'envie de se trouver ailleurs, loin de cette salle et de l'humeur massacrante de l'homme qui était le plus terrifiant qu'il lui avait été donné de rencontrer. En plus ce dernier semblait l'avoir pris en grippe, raison de plus pour en avoir peur. Shu aussi semblait en avoir peur et ça ne lui disait rien qui vaille. Allait-il se faire virer manu-militari comme l'intrus qu'il était ? Allait-il le frapper ? Mais Shu s'interposa pour dire à son père qu'il était son compagnon. Hein ? Son compagnon ? Il officialisait leur relation devant tout le monde alors que lui-même ne savait pas trop où il en était.

Nao restait à l'écart des deux hommes qui s'affrontaient, n'osant s'approcher, ni même intervenir. Le ton montait toujours entre les deux. La conversation devint encore plus bizarre. Le père avait organisé un mariage entre Shu et un autre homme, lui qui semblait si conservateur, comme si le fait d'avoir vu son fils en embrasser un autre était une infamie. Il était tombé dans la quatrième dimension ? Et le plus bizarre allait arriver sans que rien ne le laisse présager. Shu était revenu vers lui, lui prenant la main comme pour défier son père avant de lui asséner un coup fatal… Enfin ce fut surtout Nao qui le reçut ce coup. Hein ? What ? Shu allait l'épouser ? Euh… mais … Quoi ?? Nao le regardait avec de grand yeux choqués. Le mariage ? Il voulait vraiment l'épouser ? Mais euh… C'était bien trop rapide pour lui tout ça, il n'était pas sûr que….

« Shu… Tu… Tu es… » Nao ne savait pas quoi lui répondre, mais d'ailleurs son père ne lui en laissa pas l'opportunité. Son rire et son ton méprisants lui clouèrent le bec et il n'osa pas en dire plus. Il savait qu'il n'était pas digne d'un clan comme celui-ci, des gens qui l'avaient méprisé comme lui, il en avait croisé un nombre inimaginable. Mais rarement on l'avait méprisé si ouvertement, devant tout le monde. Il se sentait vraiment mal, pourquoi le père voulait lui parler, mais encore une fois Shu lui vint en aide pour le protéger.

« Shu… Qu'est-ce que…. Je dois faire ? »

- Tu ne fais rien du tout, tu reste avec moi, lui répondit Shu d'un ton autoritaire. Tu ne lui dois rien, donc tu n'as pas à lui obéir.
- Tu donne des ordres à celui que tu veux épouser ? se moqua le chef de clan en le méprisant du regard. Tu as une étrange conception des relations de couple, Shurinosuke.

Le jeune homme serra les poings. Il savait que son père essayait de le provoquer pour le discréditer aux yeux des membres du clan qui lui étaient dévoués. S'il réagissait, s'il répondait, son père aurait gagné. Il devait ronger son frein jusqu'à ce que le clan soit à lui. Il pourrait alors exiler ce stupide vieillard à la campagne, là où il ne pourrait nuire à personne avec ses méthodes moyennâgeuses ni blesser personne avec ses paroles et son comportement.

- Nous reparlerons de tout cela une autre fois, hors de la présence d'intrus, reprit l'homme en dirigeant de nouveau son regard méprisant sur Nao.
- Je vous interdis de le toiser de cette façon ! Que vous me toisiez je suis habitué, je sais que je suis une perpetuelle déception pour vous, mais...
- Tu en es conscient, c'est au moins ça... Si seulement tu avais eu un frère, je n'aurais plus à me soucier de ta médiocrité.
- Taisez-vous ! hurla Shu, hors de lui comme il l'avait rarement été dans sa vie. Que vous me toisiez je suis habitué, disais-je, mais je ne supporterais pas un instant de plus que vous preniez de haut celui que j'ai choisi !
- Et il n'a pas de langue "celui que tu as choisi" qu'il se fasse défendre par un minus dans ton genre ? poursuivit son père, pas une minute désarçonné par la morgue de son héritier, avant de changer de sujet. Et puis, cette prétendue fête est en l'honneur du jeune Nishida si je ne m'abuse. Mais je ne vois ce garçon nulle part. Où est-il ?

L'expression de Shu en cet instant afficha la plus totale incomprehension face à ce brusque changement de sujet, mais son regard disait assez bien qu'il n'en avait pas la moindre idée. Dès qu'il avait vu Nao dans son costume, plus rien n'avait compté pour lui y compris son petit protégé. Mais maintenant que son géniteur le lui faisait remarquer, Asahi n'était en effet en vue nulle part.

- Asahi s'est sauvé il y a une quinzaine de minutes, l'informa alors le père du garçon.
- Et vous ne l'avez pas suivi parce que... ? fit Shu en se tournant vers son second.
- Vous connaissez sa sensibilité. Dans ce genre de cas il vaut mieux le laisser seul.
- Sa sensibilité... releva Shibasaki père dans un reniflement méprisant. Encore une preuve de ton incompétence, Shurinosuke. Un futur chef de clan n'est pas sensé s'encombrer d'éléments inutiles dans le genre de ce garçon. Laisse-le où il est, il n'est qu'un morveux sans intérêt.

Nao n’osait rien dire, comme le lui avait demandé Shu, il ne se sentait pas vraiment à sa place. Mais une chose était sûre, le père de Shu lui sortait par les yeux. Comment un être pouvait-il être si méprisant, si abjecte avec son propre fils. Il ne semblait pas du tout ne serait-ce que tolérer sa présence, il avait l’habitude d’avoir ce genre de réactions depuis qu’il vivait dans la rue. Les gens le prenaient pour un moins que rien, un parasite, un sous-homme, sauf Shu. Même s’il jouait les durs, que même les pires racailles semblaient le craindre, Shu avait un cœur tendre, il était juste et soucieux des autres. Nao se demandait comment il avait pu devenir ainsi en ayant un père aussi horrible et méprisant.

Le danseur sursauta lorsque Shu se mit à hurler. Il n’imaginait pas qu’il pourrait s’énerver comme ça, et en plus c’était à cause de lui, pour que son père ne le méprise pas. Mais ça ne lui faisait rien, il en avait l’habitude. Ce qui le dérangeait était plutôt l’attitude de ce père envers son fils. C’était incompréhensible.

« Si il a une langue, mais il ne voit pas l’intérêt de parler avec quelqu’un comme vous. » Répondit Nao une hargne contenue dans sa voix.

Lorsque le père parla du chaton, Nao s’inquiéta aussi de ne pas l’avoir vu. Il fallait dire que Shu l’avait quelque peu distrait. Son regard balaya la salle sans voir le plus jeune. L’explication de son père adoptif, disant qu’il s’était enfui, et qu’ils ne l’avaient pas suivi, à cause de sa « sensibilité ». Nao lui avait une idée de la raison de sa fuite, il avait vu son aniki adoré l’embrasser, lui un inconnu, alors qu’il l’adorait tellement. Et ces imbéciles qui l’ont laissé partir, non mais n’importe quoi. Et l’autre enfoiré de paternel qui en rajouta une couche.

« Il faut aller le chercher ! Pourquoi vous l’avez laissé s’enfuir ? Il risque de faire une connerie ! » Il avait vu comment il réagissait juste en parlant de Shu, alors l’avoir vu en embrasser un autre… Il n’allait surement pas le supporter.

Son regard noir se posa sur ce paternel méprisable avant de se détourner, lâchant un « tss » presque involontaire et de passer à côté de lui en l’ignorant pour aller voir Nishida.

Surpris, Nishida Toma regarda approcher le compagnon de son jeune maître, étonné qu'il prenne sa fuite si à cœur alors qu'il ne le connaissait pour ainsi dire pas.

- Qu'est ce qui vous fait dire qu'Asahi pourrait faire "une connerie", Nao-san ? Je connais mon fils, je sais qu'il ne fera rien de stupide. Il est juste vexé et ne tarderas pas à revenir, lui dit-il. Ce n'est pas la première fois que sa sensibilité l'amène à prendre la fuite.

Le père du garçon ne semblait pas angoissé le moins du monde, mais l'inquiétude de Nao se reporta sur Shu et la culpabilité le submergea. Pourquoi n'avait-il pas vu qu'Asahi était parti ? Où avait-il bien pu aller ? S'il lui arrivait quelque chose, il ne se le pardonnerait jamais. Sans plus se préoccuper de son père, il réunit tous ses hommes et donna ses ordres : tout le monde devait se lancer à la recherche du jeune garçon avant qu'il n'arrive du mal à son protégé.
Rejoignant Nao, il se tourna vers lui :

- Tu m'accompagne ? On va le chercher nous aussi. Si Asahi... Il ne sort quasiment jamais alors il peut très bien s'être perdu... ou pire.

Nao s’énervait de plus en plus de voir que personne ne semblait vouloir bouger pour aller chercher Asahi, ni même ne semblait s’inquiéter pour lui. Etaient-ils tous si aveugles pour ne rien savoir de lui ? Pour ne pas comprendre ce qu’il pouvait ressentir ? Même son père l’ignorait ? Sa réponse fit voir rouge à Nao, il ne comprenait vraiment rien. Lui, en quelques heures, semblait bien mieux connaître le chaton qu’eux en plusieurs années.

« Non mais vous êtes aveugle ou quoi ? Vous ne connaissez pas votre fils, ou vous pensez peut-être le connaître mais sans savoir ce qu’il ressent. » Explosa Nao, son inquiétude se transformant en colère. « Il idolâtre Shu, il ne semble vivre que pour lui… Et vu ses réactions quand je ne faisais que prononcer son nom ou des allusions sur lui… Comment vous pensez qu’il va réagir en l’ayant vu m’embrasser ? Vous êtes inconscient !! »

Le danseur n’avait pas vu que Shu avait donner des ordres à ses hommes pour qu’ils aillent à la recherche du chaton. Il sursauta lorsqu’il s’adressa à lui, et sa colère se calma aussi rapidement qu’elle était apparue, laissant de nouveau place à l’inquiétude.

« Oui… Allons-y… Où a-t-il pu aller ? »

Stupéfait par la tirade que son compagnon débitait à son second, Shu se tourna vers lui. Bien sûr, le jeune homme savait qu'Asahi l'aimait beaucoup puisqu'il l'avait sauvé, mais il n'avait jamais remarqué qu'il "l'idolâtrait" comme le disait Nao. Comment, d'ailleurs, Nao pouvait-il déjà en savoir autant au sujet du plus jeune ? Il se sentit d'autant plus coupable de ne pas avoir veillé suffisamment sur le garçon, de ne pas avoir compris qu'il ne le voyait pas uniquement comme un grand frère. S'il l'avait su... Mais même s'il l'avait su, cela l'aurait-il empêché de sauter sur son Nao pour l'embrasser ? Rien n'était moins sûr.
Où avait-il pu aller ? C'était ce que venait de lui demander son compagnon qui s'était calmé aussi vite qu'il s'était emporté. Et il devait bien avouer que dans l'instant, il n'en savait rien. Ne sortant presque jamais de la propriété, Asahi n'avait pas d'ami et ne connaissait pas d'endroit spécial. Le jeune homme ferma les yeux pour mieux réfléchir. S'il était un garçon de dix-neuf ans bouleversé et hypersensible, où serait-il allé ?

- Si j'étais Asahi... murmura-t-il. Si j'étais Asahi, que j'avais vu... mon idole... (il n'était pas à l'aise avec cette idée mais il devait poursuivre son raisonnement) celui qui... était tout mon monde... embrasser un homme que je connais à peine... où serais-je allé...

Puis soudain il rouvrit les yeux, visiblement paniqué.

- Non il n'aurait pas... Nao viens, vite ! Il faut... Il faut l'en empêcher !

Attrapant la main de son compagnon, il se mit à courir de toute sa vitesse en direction du fleuve.

Dans la salle, le brouhaha ambiant s’était soudain tu lorsque Nao s’était énervé, avant de reprendre lorsque les hommes de Shu s’élancèrent dehors pour retrouver le jeune chaton. Il s’inquiétait, il pensait avoir bien cerné le plus jeune, même s’il ne le connaissait que depuis un temps très court, et il était persuadé qu’il allait sans doute faire une connerie. Mais où pouvait-il être allé ? Le danseur ne connaissait pas assez la ville pour se l’imaginer. Il pouvait faire toute sorte de connerie, mais laquelle ? Il espérait que Shu ait plus d’idées. D’ailleurs il l’entendait marmonner, essayant de se mettra à la place du chaton.

Il sembla trouver ce qu’il cherchait, et n’en parut pas rassuré, la panique se voyait dans ses yeux. Nao garda sa main dans celle de Shu et le suivit en courant pour sortir de la propriété. Ils coururent tout droit sans s’arrêter jusqu’à atteindre les rives d’un fleuve où ils s’arrêtèrent. Scrutant les alentours, Nao ne vit pas le chaton, il n’y avait que quelques badauds attroupés ça et là, des rumeurs presque choquées se faisaient entendre de ces petits groupes. L’attitude de ces gens n’était pas normale, le danseur avait apprit à reconnaître l’attitude des gens et leur état d’esprit lorsqu’il vivait dans la rue, c’était essentiel pour savoir qui il pouvait approcher pour espérer recevoir quelque dons. Et là quelque chose avait perturbé leur soirée, les avait choqué. Etait-ce d’avoir vu un jeune homme se noyer ? Non… Pas ça… Et puis ils seraient tous au bord de l’eau alors. N’est-ce pas ?

« Shu… Ici, tu crois ? »

Un objet brilla près des pieds du danseur. Il se pencha pour le ramasser, c’était une chaine se tenait un pendentif, plutôt joli. Il l’examina et se rendit compte qu’il pouvait s’ouvrir. Dedans, ce qu’il trouva ne laissait aucun doute sur la propriété de ce bijou, une photo de Shu.

« Shu, regarde… Je pense que c’est à lui… » Hésita-t-il, se doutant que son compagnon allait sans doute péter un câble en le voyant.

Se rapprochant de son compagnon qui attirait son attention, il observa le bijou qui brillait dans sa main : c'était le médaillon qu'il lui avait offert pour ses quinze ans mais dans lequel il ignorait a présence d'une photo de lui.

-  Il ne retire jamais ce médaillon quoi qu'il arrive. Il le considère comme... comme son plus précieux trésor et il... il m'a dit quand je lui ai offert qu'il préférerait mourir que le perdre, murmura Shu, avant de regarder autour de lui avec panique, son légendaire sang-froid envolé.

S'il était là en cet instant...

- Asahi ! cria-t-il, espérant que son protégé l'entende. ASAHI ! AAAAAASAAAAAAHIIIIII !

Mais ne recevant aucune réponse, il commença réellement à craindre que le jeune homme ait fait une "grosse connerie" comme l'en avait soupçonné Nao. Alors, n'écoutant que son inquiétude, il se jeta à l'eau à son tour, plongeant et replongeant en espérant le retrouver, tout en espérant du fond du cœur ne pas le retrouver. Car s'il ne le retrouvait pas, il était possible qu'il soit vivant.

La réaction de Shu confirma l’intuition de Nao, le pendentif était bien celui du chaton, un cadeau que Shu lui avait offert et qu’il ne retirait jamais. Un cadeau de son aniki adoré, son trésor, son bien le plus précieux. Asahi était donc bien ici, et pour qu’il le perde, il devait s’être passé quelque chose. Le plus petit se mit à crier le nom du plus jeune, Nao l’imita, mais ils n’eurent aucune réponse. Avant que le danseur n’ait pu le retenir, Shu s’était élancé dans l’eau pour tenter de retrouver le chaton.

« SHUU !! REVIENS ! »

Nao allait plonger lui aussi pour le récupérer quand des passants l’interpelèrent. Ils lui expliquèrent ce qu’ils avaient vu, un jeune homme qui avait plongé, semblant vouloir se noyer, et un autre qui avait plongé à sa suite et qu’il l’avait sauvé. Ils étaient ensuite partis tous les deux, mais ils ne savaient pas où. Nao les remercia, se sentant grandement soulagé.

« SHU ! REVIENS, IL EST PARTI… » Nao essaya de rappeler son compagnon, mais il ne semblait pas l’entendre. Il plongea alors aussi pour le rattraper et le tirer vers le bord. « Shu ! Ecoute moi ! Il n’est plus là… Quelqu’un l’a sauvé et ils sont partis tous les deux. Il va bien… Calme toi… »

La panique ayant submergé Shu, il n'entendit pas Nao plonger à sa suite quelques minutes après et sursauta lorsqu'il l'attrapa pour le ramener sur la berge.
Noyé de chagrin et de culpabilité, il s'apprêtait à y retourner, lorsqu'il entendit son compagnon lui dire qu'un inconnu avait sauvé Asahi et que tous deux étaient partis.

- Il... Il est vivant ? Vraiment ? balbutia-t-il. Mais où... où est-il allé ? Il ne connait pas la ville, il va se perdre, avoir peur...

Le froid ambiant se faisant ressentir à présent qu'il avait cessé de bouger, Shu qui n'était pas bien gros, se mit à trembler violemment et en quelques instants, ses lèvres étaient bleues de froid. Pourtant il se releva pour essayer de retourner chercher son protégé.

Shu semblait avoir du mal à le croire lorsque Nao lui raconta qu’il était encore vivant. Il était si paniqué qu’il semblait être en état second. Le danseur essaya de le rassurer, mais le plus petit voulait retourner le chercher dans l’eau.

« Oui il est vivant… Yen a plusieurs qui les ont vus, un garçon l’a sauvé et l’a emmené pour se réchauffer et ne pas le laisser seul. Il n’est pas tout seul… Calme toi… »

Shu ne semblait pas vouloir rester calme et il se releva pour retourner encore dans l’eau, alors qu’il était transi de froid. Nao l’attrapa et le serra dans ses bras, tant pour l’arrêter que pour tenter de le réchauffer. Lui-même frissonna violemment de froid mais il garda Shu dans ses bras.

« Reste là Shu… Il va bien j’en suis sûr… Calme toi… Tout ira bien… »

Bien qu'il continue à trembler de froid, sentir autour de lui les bras de son Nao fit se sentir Shu un peu mieux. Il était toujours aussi inquiet pour Asahi, mais son compagnon lui assurait que son protégé était vivant et qu'il n'était pas seul. Mais comment le retrouver ?

- Il faut qu'on le retrouver, Nao... Il faut qu'on le retrouve et que je m'excuse de l'avoir laissé tomber alors que je devais veiller sur lui... Il est si... Il est trop fragile pour ce monde, je ne peux pas le laisser tomber ni le laisser entre les mains de n'importe qui. Si jamais ce gars qui l'a repêché... s'il le... s'il lui fait subir la même chose que ces hommes quand il avait douze ans, je me le pardonnerais jamais, dit-il d'un air désespéré en s'accrochant à la veste trempée de son compagnon.

Nao ne pensait pas voir son compagnon si paniqué et désespéré. Lui que semblait respecter tous ces malabars qu’il avait croisés ces derniers jours, un jeune maître dont la plupart avait peur, le voir s’effondrer ainsi, trembler de peur, être au bord des larmes. Le danseur le sentait s’accrocher à lui, si désespérément, que s’il n’était pas là, il avait l’impression que Shu se serait effondré. Il resserra un peu plus les bras autours du jeune homme grelottant.

« On va le retrouver, ne t’inquiète pas. Il est fragile, mais tous les hommes ne sont pas comme ces ordures. Il est en vie, ne pense qu’à ça. On va le retrouver… Il faut demander aux témoins ce qu’ils ont vu pour les retrouver plus rapidement. » La voix de Nao était douce, avec une touche de fermeté, pour essayer de le calmer. « Calme toi, on va le retrouver… »

Les lèvres de Nao se posèrent sur le front de Shu et un sourire en coin prit place sur ses lèvres. « Ca va aller Shu… »

(Et noooon… pas encore de gros bisou XD)

Sentir les bras de son Nao autour de lui, ses lèvres sur son front, eut le pouvoir d'apaiser un peu le jeune homme. Nao avait raison. Certes Asahi était fragile, mais ce n'était malgré tout plus un enfant. Si vraiment quelqu'un l'avait repêché, empêché de se noyé, alors cette personne n'était probablement pas mauvaise et ne ferait probablement pas de mal à l'adolescent. Il devait se reprendre, redevenir ce Shuriken qu'il était lorsqu'il l'avait sauvé, c'était la seule façon d'arriver à le retrouver. Et lorsqu'il le retrouverait, il... que ferait-il d'ailleurs ? Il ne pouvait pas le prendre dans ses bras car, bien qu'il soit le seul à pouvoir poser une main sur son épaule ou son bras, il n'avait encore jamais osé l'étreindre même pour le rassurer. Il craignait la même réaction de rejet que celle que le jeune garçon avait à l'encontre de toute autre personne son père inclus. En tout cas une chose était sûre : il lui dirait qu'il était heureux de le retrouver en bonne santé, qu'il n'avait jamais voulu qu'il s'enfuie de cette façon, qu'il avait été mort d'inquiétude dès qu'il s'était rendu compte de sa disparition. Et... entre tout ça il se prendrait probablement une gifle aussi. Pour la forme. Parce qu'il était son tuteur de façon encore plus appuyée que son père.

- Viens, allons parler aux gens. Il faut qu'on sache où il a été emmené, dit-il d'un ton décidé n'ayant plus rien à voir avec sa panique des minutes précédentes.

Nao sentait Shu se calmer peu à peu entre ses bras. Sa crise de panique semblait être passée, il redevenait le Shu sûr de lui qu’il était habituellement, celui qui dirigeait ses hommes d’une main de fer. Le danseur lui ébouriffa ses cheveux mouillés avec un sourire rassuré, avant de l’accompagner vers les témoins de la scène. Il réprima un frisson de froid, mais un éternuement lui échappa, il n’était sans doute pas encore totalement remis de sa grippe, les températures fraiches de cette nuit n’aidaient pas, surtout en étant trempé.

Il y avait plusieurs petits groupes de personnes qui les observaient, y allant chacun de leurs commentaires, certains semblaient offusqués, d’autres choqués, d’autres encore inquiets. Voir des jeunes hommes se jeter dans le fleuve tout habillés n’étaient en effet pas chose qu’on voyait tous les soirs.

« Sumimasen… Est-ce que vous avez vu ce qu’il s’est passé ? Nous cherchons un jeune homme très mince, pas très grand, mignon et fragile. Il devait être perdu et ne pas se sentir bien… Il est tombé dans l’eau apparemment… Vous savez comment c’est arrivé et ce qu’il s’est passé après ? »

Shu écouta la demande très pertinente de son fiancé, mais c'est surtout la réponse des passants qui l'intéressait. Maintenant qu'il savait qu'Asahi était en vie, il ne connaitrait plus la moindre minute de repos tant qu'il ne l'aurait pas retrouvé et ramené à la propriété sain et sauf.

- Un enfant tout chétif mais plutôt grand, avec les cheveux décolorés et une frimousse d'ange ? fit une femme d'un certain âge en réponse à la question de Nao.
- Oui ! Oui c'est lui ! S'il vous plait, savez-vous dans quelle direction est parti l'homme qui l'a sauvé ?
- L'homme ? Oh dieu du ciel, non. Son sauveur avait l'air d'être à peine plus âgé que lui vous savez. Mais ils sont partis vers Nakano.
- Il y a combien de temps ? la pressa Shu, impatient.

La femme regarde son compagnon qui doit être son mari.

- Ca doit faire environ une heure, ne anata ? On terminait notre promenade quand c'est arrivé.
- Et le jeune homme qui l'a sauvé, vous l'avez vu ? Vous pouvez le décrire ?
- Il devait faire dans les un mètre quatre-vingt, plutôt mince et décoloré lui aussi mais avec les cheveux mi longs et un assez beau visage. Leur duo ne passait pas inaperçu, ça c'est certain.
- Merci infiniment madame.

Le couple s'éloigne alors et le jeune homme se tourne vers Nao.

- Nakano... Mais le quartier est grand et nous n'avons même pas un nom pour commencer les recherches... Je vais devoir demander à mes hommes d'enquêter aussi. Plus nous serons nombreux à couvrir le terrain, plus nous aurons de chance de retrouver Asahi avant qu'une nouvelle catastrophe se produise.

Nao laissa Shu gérer l’interrogatoire des témoins, maintenant qu’il semblait avoir retrouvé son calme et son esprit d’analyse. Il écouta l’échange, essayant de capter des détails qui les aiderait à retrouver le chaton et son sauveur. Le mari de la dame précisa que le sauveur faisait plutôt moins que un mètre quatre-vingt et semblait être un nouveau venu à Kyoto, ne connaissant visiblement pas le coin, peut-être un étudiant. Un indice complémentaire pour les trouver, il ne devait pas y avoir trop de campus, ou de résidences étudiantes vers Nakano non ?

« Oui Nakano est grand, mais… Tu sais s’il y a des résidences universitaires ? Le gars semble être assez jeune et pas d’ici... Donc sans doute un étudiant tu ne penses pas ? » Nao s’avança vers Shu pour le prendre dans ses bras. « Je ne pense pas qu’il soit en danger ce soir, si ce jeune homme l’a sauvé, il doit sans doute être en sécurité maintenant… Il ne doit pas être comme ces hommes…. Un va le retrouver ne t’inquiète pas. »

Nao disait ça mais il était lui aussi inquiet pour le chaton, connaissant sa façon de réagir au moindre contact.