Objectif : Sora

Le lendemain Takahiro se fit porter pâle et passa la journée à réfléchir. Il pensa à Sora, à sa sexualité, au club, à la vie avant, à la vie qui l’attends désormais. Il se retourna tellement le cerveau qu’il ne pensa pas à manger le matin ou le midi et c’est son estomac qui lui rappela que manger aide à survivre. Il se prépara à manger la tête ailleurs ce qui lui fit presque rater ses nouilles plusieurs fois. Finalement il mangea tout en pensant à Sora et à quel point il avait haït le voir pleurer.
Il pesa longtemps le pour et le contre et au final il se résolut à l’idée qu’il pourrait tenter quelque chose avec Sora, il lui plaisait et il serait suffisamment calme pour le guider dans sa première relation homosexuelle. Résolu à avoir sa première relation il voulut jouer un tour à Sora tout en restant gentil et la solution lui vint de sa secrétaire le lendemain à qui il avait fini par raconter sa soirée après qu’elle l’air harcelé. Le récit fut ponctué des réactions diverses de la jeune femme et conclue sur un “awwww” révélateur de son point de vue sur la sexualité de son boss : il lui faut un homme, affirma-t-elle.


-Pourquoi vous n’achèteriez pas Le Papillon Rouge ? Après tout quel que soit le prix vous pouvez le payer et le bar est tellement populaire qu’il se remboursera plutôt vite non ?
-Hm c’est vrai mais pourquoi je ferais ça ?
-Et bien comme ça il pourra dire qu’il a corrompu son patron !
-T’es bête, rit Takahiro, mais tu m’as fait penser à quelque chose. Il y a des chambres je pourrais acheter le club et le faire venir dans une des chambres pour qu’il aille voir le nouveau patron.
-Et lui faire la surprise que vous êtes revenu pour lui ? Jusqu'à même racheter le club pour lui ? C'est pas assez romantique ! Il faut aussi des roses et du champagne !
-Tu sais quoi ? Prépare tout ça a l’air de t’amuser.
-Vraiment ? Trop bien !!

La secrétaire quitta le bureau et deux jours plus tard Takahiro avait racheté le club et le rendez-vous avec Sora était prévu pour le lendemain il ne lui restait qu’à rencontrer le patron actuel du Papillon Rouge pour lui donner les détails. Il le fit venir dans son bureau pour que cela reste une surprise pour Sora.

-Bonjour monsieur Katô, je suis ravi que vous ayez pu venir, je suis monsieur Mizuno Takahiro je viens d’acheter votre entreprise, se présenta Takahiro en s’inclinant.
-Enchanté, j’ai été très surpris de votre achat et surtout du prix que vous m’avez proposé je n’ai pu qu’accepter.
-J’aurais cependant quelques conditions, la première est que je pense qu’un établissement pour jeunes femmes lesbiennes manque cruellement à Kyoto et comme votre entreprise fonctionne très bien pour les hommes gay je vous propose de vous aider à vous financer pour crée cette deuxième entreprise. Cela vous semble-t-il acceptable ?
-Bien sûr ! J'y pensais depuis longtemps mais je n’avais pas les finances pour mais avec votre achat je vais pouvoir !  
-Ensuite je compte vous laisser votre place de dirigeant du Papillon Rouge vous allez seulement devenir mon employé mais vous serez évidemment largement payé je compte également proposer plus de spectacles dans le Papillon je connais quelques artistes je leur en toucherais un mot.  
-Je ne sais pas quoi dire... c’est vraiment très généreux mais pourquoi ?
-Je compte vous voler votre numéro un. Nous nous sommes vus il y a quelques jours et je vais être honnête votre règle interdisant les contacts a été brisée nous nous sommes embrassés et Sora m’a fait découvrir beaucoup de chose sur moi-même et je voudrais partager au moins une partie de ma vie avec lui.  
-C’est... pour le moins inattendu.
-J’aurais besoin de vous pour cela. Je voudrais que demain soir vous lui disiez que le nouveau patron veux le voir dans la chambre une et qu’il doit y aller je l’y attendrais et je compte passer du temps avec lui mais rien d’indécent je vous le jure.
-Euh... je ne comprends pas tout mais pas de problème mais promettez-moi de prendre soin de lui, tous mes garçons me sont précieux ils sont comme mes enfants et je ne veux que leur bien.
-Bien sûr ! Je ferai de mon mieux pour le rendre heureux ! Je vous le jure !
-Je compte sur vous, en tout cas merci beaucoup !  
-Merci à vous et bonne chance pour l’établissement pour femmes.

Les deux hommes se saluèrent et Monsieur Katô sortit du bureau et la secrétaire curieuse comme une vieille pie sauta dans le bureau pour tout savoir, Takahiro lui fit un résumé avant de la mettre dehors pour qu’elle fasse au moins semblant de travailler.

~~~~~~

Le lendemain Takahiro arriva avant tout le monde au club pour préparer la chambre, il fit installer une table avec des bougies et bientôt un repas somptueux remplirai les assiettes. Il commanda aussi un énorme bouquet de fleurs principalement des roses ainsi qu'une bouteille de champagne comme lui avait conseillé -ordonné - sa secrétaire. Il s’était ensuite présenté aux employés comme leur nouveau patron et leur avait clairement expliqué que s’ils avaient ne serait-ce que l’ombre d’une requête ils pourraient tous lui envoyer une demande par mail et qu’il ferait tout pour rendre leurs conditions de travail aussi parfaite que possible. Il leur expliqua ensuite ce qu’il comptait faire et donc de ne pas s’inquiéter pour Sora sa vertu serait intacte ce soir.

Quatre jours, 21h, 37 minutes et 23 secondes. C'était la durée calculée par Sora depuis que Takahiro avait quitté le club en promettant de le recontacter... Et le jeune homme devait bien avouer, à sa grande honte, qu'il n'avait pas réussi à sortir son compagnon de sa tête ne serait-ce qu'une minute et de ce fait à se concentrer sur son travail et ses clients. Même sa vie quotidienne s'était retrouvée bouleversée car il était devenu distrait à un point limite dangereux pour lui : pour commencer il avait oublié son portefeuille au combini et c'est l'employé qui avait du l'appeller sur son portable pour le lui dire car il ne s'en était pas rendu compte ; ensuite il avait manqué se faire renverser par une moto car, dans les nuages, il avait traversé la rue au moment du feu piéton rouge ; il avait manqué se faire une belle entorse la veille en courant sans regarder où il allait... Bref il en était venu à se dire qu'il valait mieux pour lui ne plus sortir de chez lui que pour aller au club. Mais même là, les choses étaient parties en quenouille : il avait renversé des boissons sur les genoux de deux clients, s'était rendu à la mauvaise table et fait houspiller par le collègue qui s'y trouvait qui l'avait accusé de vouloir lui voler son job et s'était montré si distrait, que son client du soir l'avait purement et simplement planté là. Sora avait d'ailleurs appris qu'il était convoqué dans le bureau patronal et il se doutait que c'était pour apprendre qu'il avait fait en l'espace de quatre jours plus d'erreurs qu'en cinq ans et que ce soudain manque de professionnalisme lui valait un blâme.
Dans un soupir à fendre un arbre, il se dirigea vers le bar pour y prendre un remontant.

- So', ça va pas ? lui demanda Tadayoshi qui essuyait des verres derrière le comptoir.
- Je suis convoqué par le boss...

Le barman grimaça.

- T'as bouletté ?
- Oui et pas qu'un peu...
- Ton client de l'autre fois ?
- ... Non, ceux des quatre derniers jours.
- Merde...
- Comme tu dis. Sers-moi un truc pour me donner du courage.
- Un truc ? Mais quoi par exemple ? Pas d'alcool toujours, sinon tu seras bourré pour voir le chef et ça arrangera pas tes affaires
- Tu as raison. Je vais y aller sans alors.

Il inspira et alla frapper à la porte du bureau dans lequel il n'avait plus mis les pieds depuis son embauche 5 ans plus tôt.

- Entrez, fit la voix du responsable.

Le jeune homme ouvrit la porte et entra dans la pièce de l'air d'un condamné à mort.

- Bonsoir, Kato-san, dit-il d'une voix tendue.
- Ah Sora-kun. Entre une minute, mon garçon et assieds-toi. J'ai quelque chose à te dire.
- Je suis suspendu c'est ça ?
- He ? Suspendu ? Qu'est ce que tu racontes mon garçon ? Pourquoi je me séparerais de mon numéro un ? Il faudrait que je sois fou.

Un peu rassuré, Sora se détendit un peu.

- Que vouliez-vous me dire dans ce cas ?
- J'y viens. En fait, le club a été racheté il y a quelques jours et le grand patron insiste pour faire connaissance avec tous les employés. Tu es le premier sur la liste, alors rejoins-le vite à la chambre une, il t'attend.

Stupéfait, Sora considéra un instant son responsable, puis acquiesça et s'inclina avant de quitter la pièce. Et bien pour une surprise, c'était une surprise : non seulement il n'avait récolté aucun blâme pour ses erreurs, mais en plus il venait d'apprendre que le club avait changé de direction. Bon et bien s'il devait rencontrer le nouveau big boss, autant ne pas le faire attendre davantage. Il se dirigea donc vers la première chambre, s'agenouilla et fit glisser le panneau coulissant.

- Bonsoir...

Takahiro avait peur, horriblement peur. Il s’était habillé aussi beau que possible il avait même fait l’effort d’aller chez le coiffeur pour faire tresser ses cheveux pour être parfait pour Sora. Mais il était quand même terrifié et même son costule gris hors de prix ne pouvais lui enlever ces doutes horribles de la tête. Et si Sora ne voulait pas de lui finalement ? Et si ces quatre jours lui avait fait réaliser qu’il ne l’appréciait pas tant que ça ? Et s'il avait abandonné parce que quatre jours c’était trop long. Il en était là de ses réflexions et de son stress quand le patron nouvellement employé lui avait envoyé un message pour lui dire que Sora arrivant, il fit donc installer la table et se prépara à accueillir celui qu’il attendait depuis quelques jours. Lorsqu’il le vit à la porte sa respiration se coupa et il dut prendre une grosse inspiration pour calmer son cœur.

-Bonsoir Sora.

Takahiro s’approcha et l’aida à se redresser d’une main comme il l’avait déjà fait et de l’autre main il lui tendit l’énorme bouquet qu’il avait acheté pour lui il avait fait très attention aux types de fleurs et à leur nombre pour lui signifier à quel point il comptait pour lui. Le stress lui comprimait la poitrine et il attendit patiemment qu’il le regarde pour voir s’il avait fait tout cela pour rien ou s’il avait toujours une chance avec l’hôte de son cœur.

-Je suis heureux de te revoir, comme tu peux le voir j'ai pris ma décision.

S'attendant à trouver face à lui un cinquantenaire austère et peu sympathique, quelle ne fut pas la surprise de Sora lorsque son regard se posa... sur le visage parfait de Takahiro. Après avoir tant attendu, il avait presque du mal à croire qu'il était là, devant lui, plus magnifique encore que dans ses souvenirs ne remontant pourtant qu'à 4 jours.

- Taka... murmura-t-il, raccourcissant son prénom dans l'émotion de l'instant. Tu es vraiment revenu...

Malgré lui, il se précipita pour le serrer dans ses bras dans une étreinte d'ours, sans tenir compte de la place que prenait l'énorme bouquet que son interlocuteur venait de lui offrir.

- Tu m'as tellement manqué pendant ces quelques jours... J'ai pensé à toi sans cesse au point de ne faire que des erreurs... lui confia-t-il sans le lâcher. J'avais peur que tu n'aie eu peur de ce que tu ressentais et que tu ne veuilles plus de moi...

Il se livrait à cet homme qu'il ne connaissait même pas depuis une semaine, avec la confiance aveugle et l'innocence d'un enfant, mais il sentait que cette confiance était bien placée. Il en était certain.
Le relâchant légèrement, il l'embrassa pour la première fois depuis ce soir-là et les sensations qu'il pensait avoir oubliées déferlèrent en lui comme un raz de marée. Il s'écarta ensuite, puis parut se souvenir de quelque chose t, embêté, murmura :

- Oh mince, le nouveau patron... J'ai du me tromper de chambre et il doit m'attendre... Je reviens tout de suite, dit-il en se dirigeant vers la porte.

Takahiro fut ravi de son effet et de ces retrouvailles elles furent presque parfaites entre leur étreinte et leu baiser il était plus qu’heureux. Le seul détail gâchant un peu son bonheur fut la maladresse finale de Sora, Takahiro du se retenir de rire et lui attrapa la main de pour le retenir dans la pièce. Il l’embrassa à nouveau et le serra contre lui comblé d’avoir à nouveau celui qui l’obsédait contre lui. Il aurait bien voulu le garder ainsi indéfiniment mais devait tout de même lui expliquer la situation.

-Sora , rit-il, tu travailles ici depuis cinq ans pense-tu vraiment que tu aurais pu te tromper de chambre ? J’ai acheté le club parce qu’il te tient à cœur et que je voulais le rendre encore meilleur, tu m’as même donné envie de crée un autre club pour les femmes lesbiennes. Désolé de t’avoir joué ce tour mais je voulais que mon retour soit special.


Takahiro le conduisit à la table et le força à s’asseoir, il enleva la cloche qui cachait son plat et il découvrit les mets qu’il avait fait préparer pour cette soirée.

La stupeur figea Sora sur place et il fixa un instant son compagnon en clignant des yeux. Comment ça il avait acheté le club (et pour lui en plus) ?

- Tu... Tu es sérieux, tu as vraiment racheté le Papillon Rouge à cause de moi ? Donc c'est... toi mon patron ? Wow... Là je ne sais vraiment pas quoi dire...

Pour un retour spécial, s'en était un, c'était le moins qu'on puisse dire. Même une fois assis, près de son désormais petit ami, l'hôte observait encore celui-ci avec incrédulité, comme s'il avait du mal à la fois à réaliser qu'il était bien là, avec lui et qu'il avait fait cette folie pour lui.

- Je suis très touché, mais tu sais... tu n'es pas obligé de faire des folies pareilles pour moi. Passer du temps ensemble me va très bien. Il faut... qu'on apprenne à se connaitre petit à petit.

Il se tut et observa le beau visage de son compagnon, ayant du mal à réaliser que cette perfection était désormais sienne, qu'il allait pouvoir toucher à loisir cette chevelure d'argent liquide qui le fascinait depuis la première minute.

- Je vais pouvoir me vanter de faire ce que je veux du patron, rit-il, fier de sa blague nulle.

Takahiro savait bien qu’il en avait trop fait mais il aimait être excessif et ce n’est pas Sora qui arrivera à l’en empêcher, il avait déjà prévu de le gaver de gâteaux.

-Je sais que c’est bizarre mais j’aimerai te couvrir de cadeaux parce que je peux et que j’aime te voir heureux je ne vais pas te couvrir d’or mais si tu veux bien que je t’offre des gâteaux ou des fleurs je serai ravi.

Il alla s’asseoir de son côté de la table et souleva la cloche de son côté aussi, il espérait que Sora aimerait ce qu’il a choisi ou qu’il ne serait pas allergique.

-J’ai demandé au patron de te donner ta soirée donc je te garde avec moi jusqu’à ce que tu ne me supporte plus ça te va ? Sourit Takahiro.

Il regarda les différentes émotions passer sur le visage de Sora comme le plus intéressant des films et il le trouva très mignon à être aussi transparent, il comprit d’avance qu’il allait dire une bêtise quand un air filou puis passa sur le visage.

-Idiot, rit-il, commence donc par manger au lieu de dire des bêtises.

Etonné, Sora qui allait attaquer le repas prévu par son désormais petit ami, suspendit la course de ses baguettes à mi chemin d'un plat de viande qui semblait délicieuse et le fixa. Le couvrir de cadeaux ? L'idée était infiniment agréable aux yeux du jeune homme dont la famille faisait partie de la classe moyenne et dont les parents, ayant eu quatre enfants, n'avait jamais eu les moyens de leur offrir autre chose qu'un unique présent à noël et de même à leur anniversaire. Mais en même temps, il aurait l'impression de profiter de lui s'il acceptait ça. Par contre, en ce qui concernait les gâteaux, c'était une autre affaire. Surtout s'il les faisait lui-même. Il devait lui en parler.

- Taka... Je... Comment dire... Je suis touchée de toutes ces attentions que tu as pour moi. Vraiment ça me fait très plaisir, dit-il, incertain. Mais tu... Même si tu en as très largement les moyens, ce n'est pas une raison pour faire des folies. Surtout pour moi. Les... Des gâteaux faits par toi me combleront bien plus que tous les cadeaux du monde. J'ai beau être un peu superficiel, je ne suis pas matérialiste. Enfin pas trop.

Il n'était pas non plus assez hypocrite pour prétendre que quelques cadeaux ne lui feraient pas plaisir, mais il ne fallait pas exagérer. Et puis, il ne voulait pas non plus risquer d'entendre qu'il se faisait entretenir comme un vulgaire gigolo. Ca ne serait bon ni pour lui-même ni pour son petit ami.

- Par contre, passer du temps avec toi, non seulement je suis d'accord, mais je ne demande que ça. Ces quelques jours passés loin de toi ont été bien trop longs à mon goût.

Il savait qu'il avait, à propos des relations amoureuse, une attitude digne d'un adolescent, mais après tout, il avait seulement 17 ans lors de sa dernière relation. Elle datait donc de quasiment dix ans, alors Sora redécouvrait comment extérioriser ce qu'il ressentait.
Il dédia un doux sourire à son vis à vis, puis entama enfin le repas.

Takahiro compris très bien ce qui chiffonnait Sora et il le trouva très mignon et très mature à la fois, il le regarda saliver devant les plats qu’il avait prévu et sourit. Evidemment qu’il ne comptait pas l’entretenir mais il aimait couvrir de cadeau les gens qu’il aimait et malheureusement Sora pourrait difficilement l’empêcher de vouloir lui faire plaisir en permanence. Il se servit du vin et de l’eau à Sora et s’appuya contre la table à côté de Sora en lui souriant.

-Je ne compte pas t’entretenir, j’aime offrir des choses aux personnes que j’aime parce que je peux et que ça me fait plaisir mais je ne compte pas non plus étaler devant les autres ce que je t’offre et je ne vais pas t’offrir une maison tu en as déjà une de toute façon ! Rit Takahiro

Il se pencha vers Sora pour lui voler un baiser, pour lui aussi ces quatre jours avaient été très long mais il les avait assez bien supportés parce qu’il savait qu’il allait bientôt le revoir. Ça avait dû être une autre histoire pour l’autre qui lui ne savait pas quand il reviendrait et en avait sûrement plus souffert que lui.

-Je te ferai des tonnes de gâteaux pour me faire pardonner de t’avoir fait attendre sans t’avoir prévenu de rien.

Takahiro retourna à sa place et commença à manger tranquillement regardant régulièrement Sora le trouvant de plus en plus irresistible.

Un petit rire échappa à Sora lorsqu'il comprit qu'il n'avait aucun moyen d'empêcher son petit ami de faire ce qu'il voulait.

- Tu es têtu on dirait, constata-t-il en terminant d'engloutir une portion de nourriture assez grosse pour rassasier deux hommes de son gabarit. D'accord, je note.

Il observa ensuite son compagnon manger avec bien plus de classe et de distinction qu'il n'en aurait jamais (il voyait bien, en le regardant, leurs différences d'éducation).

- Je pense que pour commencer à mieux se connaitre, nous devrions commencer par parler un peu de nous, alors... si tu veux bien, je vais commencer, dit-il enfin. Je suis né pendant le séjour de mes parents à Turin il y a 26 ans et de ce que je sais, nous y avons vécu tous les trois jusqu'à mes 2 ans. Ensuite mon père a eu le mal du pays et nous sommes retournés au Japon, dans la maison qu'avaient ses parents à Tokyo. C'est là que les triplées sont nés. D'abord Kaito, puis Koya et enfin Kanon. Et je dois dire que la pauvre n'a pas toujours eu de chance de se retrouver avec trois frères. Je n'étais pas très bon à l'école, donc je n'ai pas voulu aller à la fac après le lycée, alors j'ai pris un baito. J'ai toujours été assez indépendant, alors dès que j'ai eu mis assez d'argent de côté, j'ai déménagé. Et comme les loyers à Kyoto sont moins chers, c'est là que je me suis installé. (il fit une pause pour rassembler ses idées, puis reprit) Un jour que je me promenais sans but, j'ai été abordé par un rabatteur du Papillon Rouge qui venait d'ouvrir. Ils cherchaient des hôtes et mon visage ferait apparemment sensation. Je venais d'emménager et je n'avais pas la moindre idée de quoi faire pour gagner ma vie, alors j'ai accepté. Et voilà où j'en suis maintenant. Mon erreur, je pense, a été de ne donner aucune nouvelle aux triplées depuis cinq ans et de n'en prendre aucune non plus. Et maintenant... je pense qu'il est trop tard, ils doivent m'en vouloir à mort tous les trois.

Il coupa là son récit et soupira lourdement, comme happé par ses souvenirs de trois enfants aux visages identiques courant partout dans la maison en criant "nii-chan !" pour attirer son attention.

Il fut heureux de voir qu’il abandonnait l’idée de l’empêcher de lui offrir des choses même s’il se promit d’essayer de ne pas abuser non plus sur les cadeaux.

-Oui monsieur, buté comme un âne, bon courage pour ça, sourit Takahiro en riant de sa gloutonnerie.

Quand Sora repris la parole il fut ravi de pouvoir commencer à le connaitre même si ce qu’il racontait n’était pas particulièrement joyeux sur la fin.

-Je ne pense pas qu’ils t’en veuillent à ce point mais c’est vrai que tu aurais dû leur parler. Takahiro fit une pause. Moi je suis fils unique, je suis né à Kawasaki quand j’étais tout petit on n'avait pas encore l’entreprise mon ère l’acheté à un ami pour une bouchée de pain et il a fait grandir l’entreprise toute sa vie jusqu’à ce qu’elle est maintenant. Je n’étais pas un très bon élève au début et quand j’avais huit ans (il fit une pause pour refouler les souvenirs) ma mère a eu un cancer foudroyant et elle est décédée vers les neufs ans, j’ai décidé de plus me concentrer à l’école pour ne pas décevoir ma mère au ciel. Je suis allé à la fac de Tokyo et j’ai repris l’entreprise quand mon père a décidé de me la laisser. Je n’ai eu que des courtes relations amoureuses depuis le lycée les filles savaient que j’étais riche donc elles ne voulaient sortir avec moi que pour ça ou pour mon physique. Heureusement j’avais quelques amis sinon je me serait sentit vraiment très seul je pense, Takahiro repensa aux mots de Sora, tu devrais essayer de les contacter ils seraient surement heureux de te revoir ou du moins que tu fasse le premier pas.

Une information importante à son propos ayant été oubliée dans son récit, Sora ajouta comme si ça n'avait pas d'importance :

- Ah et quand j'avais 17 ans, je suis resté hospitalisé pendant plusieurs mois à cause d'un cancer. Je me décourageais et n'avais plus aucune volonté de vivre quand ma mère a fait quelque chose de fou : elle a contacté mon chanteur préféré, Yamazaki Okuto,qui avait 23 ans à l'époque, pour lui demander de venir me voir à l'hôpital... et il est vraiment venu. En fait il est venu tous les jours pour me parler et me convaincre de me battre pour vivre. Il avait tellement l'air de s'inquiéter pour moi et de prendre ma vie à cœur, que j'ai fini par en tomber amoureux et je me suis déclaré. Je n'ai jamais su si c'était par pitié ou par affection envers moi, mais il ne m'a pas repoussé et nous sommes -chastement- sortis ensemble pendant un peu plus d'un an. Le temps, en fait, que mon cancer disparaisse et que je puisse quitter l'hôpital. La veille de ma sortie, il m'a annoncé qu'il fallait que je fasse ma vie de mon côté et m'a quitté. Je ne m'en suis jamais vraiment remis...

Cet ajout fait, l'hôte reprit comme si de rien était en réponse au récit de son petit ami :

- Je suis désolé pour ta mère. Perdre un proche doit être une expérience terrible, surtout pour un enfant. Je suis impressionné qu'à seulement 8 ans, tu aie eu la maturité de dire que tu allais bien travailler pour ne pas la décevoir au ciel. Et j'avoue que je ne comprends pas comment toutes ces filles ont pu sortir avec toi pour des raisons aussi triviales que ton physique ou ta fortune. Enfin je mentirais en affirmant que je ne te trouve pas très beau, mais bon sang, il faut savoir voir au delà des apparences ! Tu es bien plus qu'un beau visage et un monceau d'argent...

Pour être exact, penser qu'elles ne voyaient en lui que ces deux choses mettaient Sora très en colère. N'avaient-elles pas pensé qu'il pouvait souffrir de n'être que cela pour elles ?!

Takahiro fut surpris de la trivialité avec laquelle il parlait de son passage à l’hôpital.

-Tu le dis avec tellement de flegme c’est... surprenant, j’ai mis beaucoup de temps à accuser le coup quand ma mère est décédée et j’ai eu du mal à m’en remettre même si je n’en n’ai jamais parlé à mon père qui a beaucoup plus souffert. Ça a dû être très dur pour toi à vivre qu’il te laisse dès que tu as été soigné... je ne comprends pas qu’on puisse faire ça à quelqu’un je trouve ça tellement (Takahiro du se retenir de l’insulter) Bref pour parler de ma mère au début je ne comprenais pas c’est mon père qui m’avais dit que je devais être sage et travailler à l’école pour faire plaisir à ma mère et je croyais que si j’étais le meilleur elle reviendrait.

Il regarda Sora pour s’assurer qu’il ne souffre pas de parler de ça et continua.

-Je savais déjà à l’époque qu’elle se fichaient de savoir qui j’étais alors je ne suis pas réellement sorti avec beaucoup de filles et je ne leur ai jamais réellement fait de cadeau c’est aussi ça qui les a faits me quitter elles voulaient se faire entretenir. C’est pour ça que je veux te couvrir de présents, parce que toi tu ne le veux pas c’est une sorte de bonus.

Takahiro regarda leurs assiettes vides et les récupéra en se levant pour aller prendre quelque chose dans une glacière.

-Tu m’avais dit vouloir goûter mes pâtisseries alors voilà ! S’exclama Takahiro et posant des petits gâteaux devant Sora.

- Et bien... je pense que si j'avais été plus âgé, j'aurais sûrement réagi d'une autre façon, répliqua Sora, mais je n'avais que 17 ans, j'étais amoureux pour la première fois de ma vie et... oui j'ai immensément souffert qu'il m'abandonne alors qu'il semblait tellement tenir à moi les mois précédent. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Je ne sais même pas ce qu'il fait maintenant, s'il continue à chanter ni s'il a le moindre souvenir du gamin avec qui il est brièvement sorti.

Un soupir échappa au jeune homme, qui se rendait compte en en parlant qu'il souffrait encore de cet abandon, même presque dix ans plus tard. C'était à cause de ça qu'il n'était jamais sorti avec personne depuis et que ses sentiments pour Takahiro étaient apparus si vite et avec tant de force : son cœur avait toujours la pureté et l'innocence de ses 17 ans.
Il se força à sourire à son petit ami, avant d'ajouter en réponse à son récit :

- Et tu as cru qu'elle reviendrait pendant un long moment je suppose... Je suis désolé de le dire, mais je ne trouve pas très bien de la part de ton père d'avoir entretenu tes illusions d'enfant à ce sujet.

Il rougit en entendant le compliment que lui faisait son interlocuteur, mais lorsque celui-ci lui présenta les biscuits qu'il avait lui-même préparé à son attention, toute trace de chagrin et de douleur s'évanouit de son regard brun au profit d'une lueur de gourmandise.

- Merci beaucoup, c'est très gentil, dit-il avant de saisir l'un des gâteaux pour l'angloutir en trois coups de cuillère. Un vrai délice ! Tu es très doué !

Takahiro sourit en le voyant engloutir les pâtisseries comme si sa vie en dépendait. Mais les mots de son désormais petit ami à propos de son ex lui firent comprendre qu’il était encore relativement novice et que mis à part le côté charnel de leur relation c’était lui qui avait le plus d’expérience et qu’il devrait donc agir en conséquence.

-Est-ce que tu voudrais le savoir ? Ce qu’il fait maintenant je veux dire ? Je ne veux pas raviver une ancienne blessure mais ça pourrait te permettre de passer à autre chose de le revoir.

Il ne savait pas réellement si c’était une bonne idée mais il sentait qu’il devait lui proposer quitte à devoir ensuite le ramasser à la cuillère il avait sûrement besoin d’une dernière confrontation avec son premier amour.

-Je n’en avais pas parlé à mon père il pensait que je voulais juste la rendre fière de moi, et puis il n’avait pas forcément le temps non plus l’entreprise avait besoin de lui et finalement il m’a tout expliqué relativement vite mais j’ai quand même fait de mon mieux pour rester le meilleur. Je ne sais pas si les fantômes ou le paradis existe mais si c’est le cas je voulais qu’elle soit fière de moi et dans le cas contraire au moins mon père l’était. Il n’était pas assez présent mais il faisait énormément d’effort pour passer du temps avec moi et même si j’étais triste de ne pas le voir autant que je le voulais je me rends compte après coup qu’il était quand même souvent là. Enfin bref ! Les gâteaux te plaisent ? Je peux en refaire dans ce cas ils ne serons pas gâchés, rit Takahiro

Le revoir ? Revoir Okuto ? Sora en avait rêvé pendant si longtemps sans imaginer que ce soit possible... Pendant des mois et probablement même davantage, il s'était vu le retrouvant, lui sautant presque dans les bras dans une étreinte chaleureuse comme s'il s'étaient quittés la veille, discutant à bâtons rompus de choses et d'autres comme ils le faisaient lorsqu'il était à l'hôpital. Il s'était dit tant de fois qu'ils pourraient reprendre les choses où ils les avaient laissés s'ils se retrouvaient tant d'années après... Mais les choses étaient différentes maintenant. Parce qu'il avait tant souffert d'être abandonné, parce que presque dix ans avaient passé... parce que maintenant, il avait Takahiro. Mais leur histoire ne datait que de quatre jours et Okuto était toujours là, dans un coin de son cœur alors... peut-être qu'en effet, afin de pouvoir entièrement tourner la page, il faudrait qu'il le revoit. Une fois, juste une fois, pour lui faire savoir qui il était, combien il avait souffert et ce qu'il était devenu. Peut-être aussi pour l'entendre s'excuser de l'avoir abandonné alors qu'il avait toujours besoin de lui.

- Oui... répondit-il d'une voix sourde. J'aimerais le revoir une fois... Juste une fois... Mais je ne sais pas comment le retrouver et je ne saurais pas quoi lui dire. Il doit m'avoir oublié depuis tellement longtemps...

Malgré lui, la tristesse avait remplacé dans ses yeux et sa voix, le bonheur qu'il ressentait depuis le retour de Takahiro. C'était cruel pour lui, mais il ne savait pas jouer la comédie.

- Je... Je suis désolé, Taka... balbutia-t-il alors que de grosses larmes se mettaient à rouler sur ses joues soudain plus pâles. Pardon...

Sur ses mots, il cacha son visage dans ses mains et ses sanglots redoublèrent, se changeants parfois en cris de détresse, alors qu'il redevenait ce garçon de 17 ans qu'il n'avait jamais vraiment cessé d'être.

Takahiro vit les différentes émotions passer sur le visage de Sora et il se sentit très mal de lui avoir fait se rappeler de son ex qui semblait encore lui faire souffrir intensément. Il se leva et alla prendre Sora dans ses bras faisant reposer sa tête contre son torse, Takahiro commença à lui frotter délicatement le dos en lui chuchotant des paroles réconfortantes.

-Calme toi ça va aller, ce ne sont que des mauvais souvenirs c’est derrière toi maintenant. Si tu veux je peux le chercher moi-même pour t’éviter trop de douleur et trop de mauvais souvenirs.

Takahiro savait qu’il était gauche mais il n’avait jamais eu besoin de réconforter qui que ce soit et surtout pas quelqu’un qui semblait aussi brisé par une relation passée.

-Si tu veux tu pourrais te contenter de lui écrire une lettre cela t’empêcherait de trop te faire du mal tu penses que tu préfèrerai faire ça ?

Malgré les mots tendres, les paroles réconfortantes et les gestes de son petit ami, il fallut à Sora un long moment avant de réussir à se calmer. Lui-même n'était pas conscient du profond traumatisme que lui avait causé l'abandon dont il avait fait l'objet dans son adolescence avant de craquer de façon si brusque. Il devait donner l'image d'un homme faible, c'était ridicule. Il devait se reprendre.

- C'est... Merci Taka, je me sens... mieux... balbutia-t-il en hoquetant. Non, une lettre ne s... suffira pas. Il faudrait que j... je le vois face à face... C'est la s... seule solution. Si tu... arrivais au moins à le... localiser, je... me débrouillerais... Dé... solé de te demander ça...

Il était profondément reconnaissant à son compagnon de sa proposition, même si celle-ci ne devait pas lui plaire au fond. Après tout, il venait de découvrir que son tout premier petit ami souffrait encore d'une rupture vieille de dix ans. Il y avait franchement plus sympathique comme révélation, surtout un jour de retrouvailles.

- Je devrais... finir ces délicieux gâteaux que tu... as pris la peine de préparer pour moi, dit-il ensuite en s'essuyant les yeux. Tu es vraiment adorable... Taka. Merci...

Aussi difficile que cela puisse être pour lui-même Takahiro se promit de faire tout ce qu’il pouvait pour aider Sora à passer au-dessus de ce traumatisme qui semblait réellement l’handicaper dans sa vie. Il le sera un peu plus contre lui dans l’espoir de lui montrer qu’il le soutenait dans cette épreuve quelle qu’en soit le prix. Takahiro s’éloigna un peu de Sora pour le regarder droit dans les yeux.

-Je te promet de faire de mon mieux pour le trouver et t’aider à aller mieux, lui dit doucement Takahiro

Il l’embrassa délicatement avant de le tirer avec lui sur le lit pour le prendre dans ses bras et le câliner pour lui faire oublier les mauvais souvenir qui l’avaient envahi en ce moment. Il lui fit la conversation jusqu’à ce qu’il le sente s’endormir contre lui il le laissa dormir et fini même par s’assoupir tout contre lui la tête de Sora reposant sur son torse et ses bras autour de lui. Dans un dernier accès de conscience il se promit de ne jamais faire souffrir Sora comme cet Okuro avait pu le faire souffrir e de tout faire pour protéger la pureté de Sora.